Après plus de deux années d'observation du marché dans une conjoncture très serrée, l'Opep semble opter pour un niveau des prix du pétrole qui se situerait entre 50 et 60 dollars. Même si officiellement aucune décision n'a été prise, un consensus semble se dessiner pour la nouvelle fourchette des prix. Le premier à avoir cité ce niveau des prix du baril de pétrole est le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Dans une récente interview accordée à la revue Le Pétrole et le Gaz arabes du 1er février, le ministre a estimé que « des prix de 50 à 60 dollars par baril sont des prix raisonnables pour les producteurs et pour les consommateurs ». La dernière fois qu'un responsable de l'Opep a fait référence à un prix plancher, c'était au mois de novembre 2005. Après avoir abandonné l'ancienne fourchette adoptée en 2000, et qui avait fixé un prix minimum de 22 dollars le baril et un prix maximum de 28 dollars, avec comme cible un baril de pétrole à 25 dollars, l'Opep n'avait pas fixé une nouvelle fourchette des prix. A partir de l'hiver 2003-2004, le marché s'était emballé et il a fallu une déclaration explicative sur les prix faite par l'ancien secrétaire général de l'Opep par intérim, le Dr Adnan Shihab Eddine, pour avoir une idée sur les choix de l'Opep en matière de prix. Présent à Alger au mois de novembre 2005, le Dr Shihab Eddine avait déclaré, concernant un prix ciblé par l'Opep comme pour celui des 25 dollars en l'an 2000, que « l'Opep n'a pas encore pris de décision sur un nouveau prix, mais nous pensons que le niveau actuel est accepté par tout le monde, le prix ne doit compromettre ni la croissance ni les capacités d'investissement ». A l'époque, le prix du panier de l'Opep évoluait entre 50 et 55 dollars. Et il y a une différence de quelques dollars entre le prix du panier qui est la moyenne des différentes qualités de pétrole brut des pays membres de l'organisation et les qualités de pétrole brut des marchés de Londres et de New York. La fourchette de 50-60 dollars semble bien être la nouvelle fourchette des prix que l'Opep a adoptée sans le déclarer officiellement. Le ministre du Pétrole du Qatar, Abdullah Al Attiyah, a confirmé ce choix hier. Interrogé sur les déclarations du ministre saoudien du Pétrole faites lors d'un entretien accordé au quotidien américain des affaires, le Wall Street Journal et publié hier, Abdullah Al Attiyah a indiqué qu'il était d'accord avec le fait que l'Opep pourrait ne pas décider d'une nouvelle réduction lors de sa prochaine réunion du 15 mars à Vienne. « Un baril en dessous de 50 dollars n'est pas bon pour les producteurs et un baril au-dessus de 60 dollars n'est pas bon pour les pays consommateurs », a-t- il estimé. Lors de l'entretien accordé au Wall Street Journal et publié hier, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaimi, qui était interrogé sur une éventuelle réduction lors de la prochaine réunion de l'Opep a indiqué : « Selon toute probabilité, si la tendance se poursuit comme à l'heure actuelle et avec un équilibre et des fondamentaux bien meilleurs sur le marché, il ne devrait pas y avoir de raison de changer. » Après la publication de ces propos et si le baril de pétrole a perdu plus d'un dollar, le niveau des prix reste proche des 60 dollars le baril. L'Opep, qui a décidé de deux réductions de la production, la première au mois d'octobre 2006, de 1,2 million de barils par jour (à compter du mois de novembre 2006) et la deuxième au mois de décembre 2006, de 500 000 barils par jour (à compter du 1er février 2007) n'a pas encore terminé d'appliquer ses deux décisions. Selon différentes sources, la première réduction a été appliquée à 60% à la fin du mois de janvier. Il reste encore à l'Opep environ 500 000 barils par jour à enlever du marché sans compter les 500 000 barils par jour qui doivent être enlevés à partir du 1er février. Dans ce cas, l'Opep a encore du temps pour mettre en application ses décisions avant de décider d'une nouvelle réduction. Et comme les prix sont nettement supérieurs à 50 dollars le baril, elle a le temps de voir venir jusqu'au 15 mars prochain lorsqu'elle se réunira à Vienne. Hier et vers 17 h 30 GMT, le baril de light sweet crude à New York était à 58,15 dollar. En milieu de journée, le brent à Londres était légèrement au-dessus des 58 dollars le baril.