Le règlement du contentieux gazier algéro-espagnol constitue, selon le quotidien espagnol de référence, El Pais, un soulagement pour les responsables espagnols de l'énergie. Dans un éditorial relatif à l'accord concernant le différend qui les opposait depuis plusieurs mois sur le projet du gazoduc Medgaz, le quotidien madrilène écrit que "le principe de l'accord entre l'Algérie et l'Espagne pour mettre fin à la délicate confrontation sur le projet de gazoduc Medgaz, qui acheminera la production algérienne vers Alméria, est un soulagement pour les responsables espagnols de l'énergie, parce que ceci éloigne l'ombre d'un conflit qui aurait pu se terminer par des prix scandaleusement plus chers du gaz algérien qui se vend en Espagne ou par des tensions dans l'approvisionnement". Ce règlement est salutaire compte tenu de l'importance du gaz naturel pour l'économie espagnole. Le gaz naturel "est déjà la matière première principale pour la production de l'électricité en remplacement, avec un avantage écologique, à la production à partir du charbon et du fuel", écrit El Pais. Pour rappel, la Commission nationale espagnole de l'énergie a imposé à Sonatrach pas moins de huit conditions dans l'augmentation de sa quote-part de 20% à 36% dans la société Medgaz. Comme par exemple un droit de regard direct des autorités espagnoles sur la société Medgaz et sur la gestion par Sonatrach de son investissement dans le projet. Ce que refusa évidemment l'Algérie. Ceci intervenait après la limitation par les autorités espagnoles des quantités de gaz à commercialiser directement sur le marché ibérique par Sonatrach. La situation a commencé à se décongestionner à partir de la signature de l'accord entre l'Algérie et l'UE sur la clause de destination et le partage des profits sur les contrats de fourniture du gaz à l'Europe. La décision de supprimer les conditions imposées par la CNE à Sonatrach a été prise, selon la presse espagnole, le jeudi 19 juillet, soit le même jour de la visite du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui était invité par son homologue espagnol, Joan Clos, ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Le gouvernement a considéré que les conditions imposées à Sonatrach par la CNE sont illégales ou disproportionnées. Il faut rappeler que la CNE a imposé huit conditions au total. Le gouvernement espagnol, qui avait un délai courant jusqu'au 8 septembre pour répondre au recours de Sonatrach, a décidé de les éliminer dans une résolution qui remet en cause les positions de la commission. Au total, ce sont cinq conditions qui ont été éliminées et deux autres allégées. Certaines des conditions étaient contradictoires et d'autres outrepassaient les pouvoirs de la commission. L'éditorialiste d'El Pais a estimé, toutefois, que l'Algérie a joué plus fort que les ministères de l'Industrie et des Affaires étrangères espagnols dans ces négociations, considérant que les résultats "peu brillants" de la négociation du gouvernement espagnol ont été influencés par les difficultés politiques entre l'Algérie et l'Espagne quant à la question du Sahara. D'ailleurs, ajoute le journal, l'Espagne n'aurait pas dû, selon le ministère de l'Industrie espagnol, supprimer les conditions de la CNE. Une suppression qui permet à Sonatrach de contrôler 36% du gazoduc, mettant ainsi, selon El Pais, les entreprises espagnoles qui participent dans le Medgaz, dans une "position politique inférieure". Par ailleurs, le journal explique que l'entrée de Gas Natural dans le projet Medgaz constitue l'un des aspects positifs du déblocage de la crise énergétique. A ce sujet, il faut rappeler qu'avant l'apparition du différend, Sonatrach avait accepté de céder 10% de ses parts à Gas Natural suite à la demande formulée par cette dernière et par le ministre espagnol de l'Industrie.