A l'invitation de son homologue espagnol, Joan Clos, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, s'est rendu, jeudi à Madrid, pour une visite de travail. Cette visite "s'inscrit dans le cadre de la poursuite des discussions sur les questions en cours entre les deux pays dans le domaine de l'énergie", a précisé le communiqué du ministère de l'Energie et des Mines qui a annoncé la visite. Même si aucun détail n'est donné quant à la teneur des discussions entre M. Chakib Khelil et le ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, nul doute que cette visite devait être centrée sur le gaz. Le déplacement du ministre de l'Energie et des Mines pourrait ainsi signifier qu'une amorce de solution a été trouvée aux litiges qui crispent les relations énergétiques algéro-espagnoles. Cette visite laisse à supposer que les deux pays ont trouvé un accord à leur différend sur la réalisation du gazoduc Medgaz et le gouvernement espagnol aurait accepté de lever les conditions imposées à Sonatrach sur le Medgaz pour sauver le projet de construction du gazoduc sous-marin. Les relations énergétiques entre les deux pays traversent, en effet, une période de turbulence à cause des différends sur le prix du gaz et la participation de Sonatrach dans la société Medgaz, en charge de la réalisation du gazoduc sous-marin algéro-espagnol. Le contentieux porte également sur la quantité de gaz que Sonatrach est autorisée à commercialiser sur le marché espagnol. La commission espagnole de l'énergie avait exigé de la société nationale de limiter cette quantité à 1 milliard de m3/an au lieu de 3 milliards de m3/an, le volume de gaz qu'elle est autorisée à commercialiser en Espagne, en échange de l'augmentation de ses droits de vote dans la société Medgaz. Avant cette visite, rien ne présageait que l'on s'acheminait vers un dénouement de la crise. Il y a une semaine, après la réponse négative au recours introduit sur la limitation des quantités de gaz qu'elle veut commercialiser directement sur le marché espagnol, Sonatrach a essuyé un deuxième refus de la part des autorités espagnoles concernant la suspension préventive des conditions imposées par la CEN espagnole à la compagnie nationale dans l'augmentation de sa quote-part de 20% à 36% dans la société Medgaz. Le manque de coopération affiché par la partie espagnole dans le règlement de ce litige à poussé les autorités algériennes à introduire des recours au niveau de la Commission européenne à l'Energie, à Bruxelles, et au niveau des tribunaux espagnols. Le message de l'Algérie à l'adresse de l'Espagne a été clair."L'Algérie n'acceptera aucune condition discriminatoire au sujet du gaz, qui ne soit pas imposée aux autres partenaires espagnols ou étrangers que ce soit pour la commercialisation ou pour l'actionnariat. Ce que nous avons toujours demandé, c'est d'être traités comme tous les opérateurs", avait déclaré M. Khelil au début de ce mois. L'Algérie avait, par ailleurs, évoqué la possibilité de liquéfier les quantités de gaz proscrites sur le marché espagnol pour les vendre sur d'autres marchés, notamment américain. Il faut dire que la conjoncture gazière joue en faveur de Sonatrach. Le marché du GNL est en plein essor et l'Europe du Sud, l'Espagne en premier, n'a pas beaucoup de choix pour s'approvisionner en gaz dans un contexte marqué par les tensions énergétiques entre l'Europe et la Russie. Les spécialistes affirment, en effet, que l'Algérie restera le principal fournisseur de gaz pour l'Europe au moins durant les 20 prochaines années. A la lumière de toutes ces données et en plus du soutien des partenaires de Sonatrach dans la société Medgaz, notamment les sociétés espagnoles (Cepsa, Iberdrola, Endesa), grandes bénéficiaires du projet, les autorités espagnoles semblent, apparemment, prêtes à revoir leur copie en ce qui concerne ce litige. L'invitation du ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, en témoigne.