Le candidat soutenu par l'ex-majorité présidentielle, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a remporté le second tour de l'élection présidentielle de dimanche en Mauritanie, selon des résultats non officiels, scrutin qui marque la dernière étape du passage du pouvoir des militaires aux civils. Ould Abdallahi a remporté 52,89% des voix et son rival Ahmed Ould Daddah, l'opposant historique au régime renversé par le coup d'Etat d'août 2005, 47,11% des voix, selon une source du ministère de l'Intérieur se fondant sur plus de 99% des suffrages, exprimés. Seul un bureau de la région montagneuse de Boumdeid (centre-sud), comptant 69 inscrits, n'a pas été comptabilisé par le ministère. Les résultats complets devaient être proclamés officiellement dans la journée par le ministère de l'Intérieur. La participation s'élève à près de 67%, en léger retrait par rapport au 1er tour du 11 mars (70%), selon cette source. Le scrutin de dimanche, qui s'est déroulé sans aucun incident majeur, marque le point final d'un processus jusqu'à présent exemplaire et relativement rare en Afrique du passage de pouvoir des militaires aux civils après un coup d'Etat en 2005. Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, les présidents étaient auparavant arrivés au pouvoir par des coups d'Etat pour se faire ensuite réélire dès le premier tour lors de scrutins entachés de fraudes. Arrivé en tête au premier tour avec près de 25% des voix, M. Ould Abdallahi l'emporte au second tour dans 11 des 13 régions que compte le pays, selon cette source au ministère de l'Intérieur. Son adversaire, Ahmed Ould Daddah, 65 ans, opposant historique au régime de Maaouiya Ould Taya renversé par le coup d'Etat d'août 2005, est en tête dans seulement deux régions: Nouakchott, la capitale avec environ 60% des voix, et sa région natale du Trarza (sud-ouest), selon la même source. M. Ould Abdallahi s'est présenté comme un homme de consensus, "le président qui rassure" face à son rival, qui promettait un changement plus radical. Ses adversaires le soupçonnent toutefois de recevoir le soutien de membres de la junte, ce qu'il réfute. Il a entre les deux tours bénéficié des soutiens décisifs des candidats arrivés respectivement en 3e et 4e position le 11 mars. Il s'agit de l'ex-gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie Zeine Ould Zeidane (15% des voix) et de Messaoud Ould Boulkheir (près de 10%), seul candidat issu de la communauté des haratines (ex-esclaves). L'esclavage a officiellement été aboli en 1981 mais des cas isolés subsistent. Dimanche soir, la chef de la mission européenne d'observation, Marie-Anne Isler-Béguin avait relevé des "animations partisanes des deux camps" autour des bureaux de vote mais avait toutefois constaté un vote libre à l'intérieur des bureaux. Forte de 85 observateurs sur le terrain, la mission européenne est, en effectifs, la plus importante déployée dans le pays. Les deux candidats ont des profils similaires: ils font partie de la même génération, du même milieu social élevé, sont issus de familles maraboutiques et de la communauté majoritaire des arabes, ont été ministre et ont connu la prison et l'exil.