L'affaire Khalifa marque à nouveau les annales de la justice algérienne, une semaine après la clôture du premier procès concernant l'empire financier bâti par le désormais condamné à perpétuité Abdelmoumène Khalifa. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, a affirmé, hier, devant les députés, à l'APN, que "la Cour suprême a ouvert une enquête judiciaire concernant plusieurs cadres, responsables et ministres dont les noms ont été cités dans les procès verbaux relatifs au dossier Khalifa". Le garde des Sceaux a précisé, à cet effet, que trois magistrats près de cette plus haute juridiction du pays mènent actuellement une enquête judiciaire sur ce grand scandale économico-financier de l'Algérie indépendante. Toujours dans le cadre de cette affaire, le ministre d'Etat a fait savoir qu'une autre enquête est également en cours au niveau du tribunal de Chéraga, localité d'Alger où Moumène Khalifa a basé le siège social de son groupe en1998. Dans le sillage de cette affaire, il importe de souligner que le tribunal criminel près la cour de Blida a déjà affirmé, il y a quelques semaines, lors de l'examen du procès lié à la caisse principale de Khalifa Bank, que toutes les personnes, ayant été convoquées lors de ce premier procès en qualité de témoins, feront l'objet de nouvelles poursuites si leur implication ou responsabilité dans ce scandale vient à être établie. C'est à cet actif qu'il faudra, donc, inscrire les nouvelles enquêtes judiciaires dont vient de faire part le ministre de la Justice. Lors du procès clôturé jeudi dernier, un nombre de ministres, de hauts responsables d'organismes publics et autres cadres ont reconnu devant le tribunal des faits qui leur ont été imputés dans le dossier de l'instruction. A cet égard, il y a lieu de citer, entre autres l'ancien ministre de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune qui visitait le président-directeur général déchu de Khalifa pour bénéficier de plusieurs avantages, le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a reconnu devant la juge Brahimi, sa responsabilité quant aux décisions de transfert des fonds des caisses sociales vers Khalifa Bank, en sa qualité de président du conseil d'administration de la Cnas. Décision qu'il a prise sans l'aval des autres membres du conseil d'administration. Le nom de Bouguerra Soltani, lui aussi, a été cité dans cette affaire, sachant qu'il occupait le poste de ministre du Travail et de la Sécurité sociale au moment des faits. Le leader du MSP a été cité également pour répondre des circonstances de recrutement de son frère au sein du groupe Khalifa à Paris. D'autres figures du monde sportif, médiatique et autres cadres d'entreprises économiques ont été citées dans ce "scandale du siècle". Ce sont donc ces derniers qui feront l'objet d'instruction judiciaire dans les jours à venir, si l'on tient compte des déclarations du ministre de la Justice. Outre l'affaire Khalifa, le ministre de la Justice a déclaré devant les membres de la première Chambre du parlement que "80% des lois promulguées, concernant le secteur de la justice, étaient accompagnées de mesures organisationnelles" avant d'ajouter que "le dossier de la corruption est pris en charge par l'Office national de lutte contre la corruption".