Les signes annonciateurs d'une "grave crise alimentaire" dans le Sahel, et particulièrement au Niger, se multiplient depuis plusieurs mois. Selon les chiffres avancés par des ONG, cette crise alimentaire pourrait toucher "près de dix millions de personnes" lors des prochains mois. Ainsi, cette situation continue de mobiliser les pays de la région. Selon des sources concordantes, les responsables des services de sécurité et de renseignements de sept pays du Sahel (l'Algérie, le Burkina Faso, le Tchad, la Libye , le Mali, la Mauritanie et le Niger) ont entamé, dimanche 4 avril, une réunion à Alger. Cette rencontre avait été déjà annoncée lors de la conférence régionale sur le terrorisme des sept pays du Sahel qui s'est tenue le 16 mars dernier à Alger. Une rencontre qui a pour but de coordonner les actions de lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans cette région. Les responsables de sécurité des sept pays cherchent notamment à aboutir à une meilleure coordination de leur action en matière de renseignement et d'échanges d'informations sur les groupes armés. Par ailleurs, selon un document de travail de la rencontre cité par la radio française RFI, les participants à la rencontre préconisent des solutions transversales : en cas de problème de sécurité dans l'un des pays de la région, tous les autres devront se mobiliser pour l'aider. Mais une telle coordination nécessite l'instauration d'une confiance totale entre les services de renseignements. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, surtout après la décision malienne de libérer des terroristes en échange d'un otage français, malgré l'opposition d'Alger. Outre l'aspect sécurité la crise alimentaire qui menace la région devra s'inviter également au débat. Le Niger pourrait être le pays le plus touché mais des régions au Tchad, au Mali, au Burkina Faso et au Nigeria sont également affectées" selon des organisations non gouvernementales. Les populations du Sahel, qui sont en situation de malnutrition chronique depuis des années, ont été plongées dans une situation de crise par le manque de pluies en 2009. Au Niger, où les récoltes ont chuté de 25 %, la période d'avril à juin sera la plus difficile dans les régions pastorales tandis que la crise pourrait perdurer jusqu'à septembre dans les régions agricoles. "A la crise de disponibilité des aliments, s'ajoute une crise récurrente des prix. Ils demeurent trop chers pour de nombreux ménages pauvres : dans l'Ouest du Niger, les prix du millet ont augmenté de 20 à 25 %, ceux du sorgho jusqu'à 50 % en décembre 2009, explique t-on. Les pays donateurs, les gouvernements ouest africains et les Nations unies doivent apporter de toute urgence une réponse coordonnée et dotée de ressources suffisantes pour éviter une catastrophe. Il est indispensable de s'attaquer aux causes profondes de la faim et de la malnutrition dans la région en soutenant les politiques et programmes agricoles et alimentaires nationaux en cours d'élaboration, centrés sur le développement de l'agriculture familiale.