Face à l'aggravation de la crise alimentaire au Sahel, où plus de dix millions d'habitants sont à risque de famine, la FAO a démarré la distribution de semences améliorées à 100 000 agriculteurs vulnérables du Burkina Faso dans le cadre d'une opération de 18 millions d'euros financée par l'Union européenne (UE). Selon le Système mondial d'information et d'alerte rapide (SMIAR) de la FAO, la situation alimentaire est extrêmement préoccupante dans certaines parties du Sahel. Au Burkina Faso, le manque de pluies s'est traduit par une baisse de la production céréalière de 17 pour cent en 2009. "Cette sécheresse exacerbe une situation de sécurité alimentaire déjà difficile, causée par les prix obstinément élevés des aliments", a indiqué le Coordonnateur des urgences de la FAO au Burkina Faso, Jean-Pierre Renson. La FAO a commencé à livrer des semences améliorées à 100 000 familles d'agriculteurs (soit environ 700 000 personnes) en vue de la prochaine campagne de semis. L'opération améliorera la sécurité alimentaire de plus de 860 000 ménages ruraux, soit plus de six millions de personnes. Le but est de doper la production vivrière en distribuant des graines améliorées aux agriculteurs démunis et de promouvoir un système durable de multiplication et de certification des semences. L'effort s'inscrit dans le cadre de la Facilité alimentaire de l'UE dotée d'un milliard d'euros, qui constitue la riposte de l'Europe à la crise alimentaire mondiale, conséquence de la flambée des prix alimentaires en 2007 et 2008. La FAO vient également en aide à quelque 900 producteurs semenciers des zones irriguées du sud du pays. Ceux-ci pourraient en effet gagner sur tous les tableaux: accroître leurs revenus tout en contribuant à améliorer la sécurité alimentaire du reste du pays. "Les zones de forte production peuvent compenser les déficits de production d'autres régions qui manquent de semences et qui souffrent d'insécurité alimentaire", souligne M. Renson. "Ainsi, une partie de la production est envoyée aux zones à haut risque pour combler le déficit". La FAO travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement et les organisations de la société civile dans d'autres domaines prioritaires, comme le renforcement de la filière semencière, en offrant un appui institutionnel et technique aux services publics, notamment l'Institut de l'environnement et des recherches agricoles (INERA) et le Service national des semences. Depuis plusieurs mois, la situation alimentaire au Sahel se fait de plus en plus précaire. Déjà délicate en temps normal, la période transitoire ou " de soudure " entre l'épuisement des réserves et les prochaines récoltes céréalières, attendues pour octobre prochain, s'annonce en effet extrêmement problématique. Les raisons de cette insécurité alimentaire sont multiples. La principale tient à la chute de 25 % de la production agricole, due à l'insuffisance des pluies. D'après l'IRD (1), on a ainsi enregistré au Niger une baisse de 30 % de la pluviométrie entre 2008 et 2009. Mais d'autres facteurs entrent également en ligne de compte, à l'instar d'une productivité insuffisante des systèmes agraires et de l'augmentation continue des populations. A l'heure actuelle, le Niger, le Mali, le Tchad et le Burkina Faso sont les pays les plus concernés par la crainte d'une " période de grande vulnérabilité des populations ". Près de 10 millions de personnes seraient ainsi menacées, tout particulièrement les enfants. D'après le Programme Alimentaire Mondial, 44 % des enfants seraient affectés par les pénuries au Niger. Outre un appel à la mobilisation des gouvernements et des ONGs, la recherche scientifique entend, elle aussi, intensifier ses travaux, en travaillant notamment à l'amélioration des prévisions des aléas climatiques, à l'approfondissement des travaux de prospectives démographiques et alimentaires ainsi qu'à l'adaptation des céréales sahéliennes telles que le mil, le sorgho ou le riz africain.