La commission électorale soudanaise (NEC) a répété hier que les élections présidentielle, législatives et régionales se tiendraient comme prévu du 11 au 13 avril, en dépit du boycottage total ou partiel annoncé par une partie de l'opposition et les ex-rebelles sudistes. Il n'y aura 'aucun report', a déclaré à la presse le chef du comité technique de la NEC, Hadi Mohamad, à l'issue d'un entretien avec l'émissaire américain Scott Gration. 'Les préparatifs [pour le scrutin] sont terminés', a-t-il assuré. Le Soudan, le plus grand pays d'Afrique, doit tenir, de dimanche à mardi, ses premières élections multipartites en vingt-quatre ans. Mais des formations d'opposition ont indiqué vouloir boycotter l'ensemble du scrutin, et Yasser Arman, le candidat des ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan, a retiré sa candidature à la présidentielle. L'actuel président, Omar Al-Bachir, objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, se dirige vers une victoire facile. Des luttes locales sont en revanche attendues pour les législatives et les régionales. Les principales composantes du Consensus national (opposition) le Parti Umma (nationaliste), le Parti Umma réforme et renouveau, le Parti communiste et le Parti unioniste démocrate (DUP) accusent la commission électorale de partialité et estiment que le parti du président Al-Bachir, le Parti du congrès national, se préparait à bourrer les urnes. Le Umma et les unionistes sont les deux piliers traditionnels de la politique soudanaise. Ils avaient respectivement terminé premier et deuxième lors du dernier scrutin multipartite de 1986, avant le coup d'Etat militaire de l'actuel président, en 1989. L'émissaire américain Scott Gration est revenu lundi à Khartoum, en provenance de Doha, au Qatar, où ont lieu les négociations de paix entre rebelles du Darfour et autorités soudanaises. Lors d'une précédente visite au Soudan, il s'était dit samedi 'confiant' à l'idée que les élections commencent 'à la date prévue', le 11 avril, et soient 'aussi libres et justes que possible'. Lundi, le département d'Etat a toutefois nuancé cette position, appelant le pouvoir soudanais à 'lever les restrictions sur les partis politiques'. Washington a estimé qu'il faudrait 'peut-être retarder un peu' les élections pour que Khartoum 'réponde aux inquiétudes légitimes des partis'. Les Etats-Unis ont appelé lundi le gouvernement du Soudan à "lever les restrictions sur les partis politiques", à quelques jours d'un scrutin que l'opposition entend boycotter. "Nous sommes préoccupés par des événements troublants, notamment de graves restrictions des libertés politiques", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Philip Crowley. "Il est important que le gouvernement du Soudan lève immédiatement les restrictions sur les partis politiques et la société civile", a-t-il ajouté devant la presse.