Le Soudan organise en début de semaine prochaine des élections générales multipartites. Ce scrutin servira aussi de prélude au référendum sur l'indépendance du sud La crédibilité des premières élections multipartites en près de 24 ans au Soudan a subi un nouveau coup dur mardi soir avec le boycottage du scrutin par les ex-rebelles sudistes dans les régions du nord du pays. Le SPLM avait déjà annoncé la semaine dernière le retrait de son candidat à la présidentielle et principal rival du chef de l'Etat sortant Omar El-Bechir, Yasser Arman, et annoncé un boycottage de l'ensemble du processus électoral au Darfour (ouest), région en proie à la guerre civile. Plus vaste pays d'Afrique, le Soudan doit organiser de dimanche à mardi ses premières élections -législatives, régionales et présidentielle- multipartites depuis 1986. Ce scrutin doit aussi servir de prélude à un référendum sur l'indépendance du sud, conformément à l'accord de paix de 2005 (CPA) ayant mis fin à 21 ans de guerre civile entre le Nord et le Sud. Mardi soir, l'ex-rébellion sudiste a étendu son boycottage à l'ensemble du processus électoral au Nord-Soudan, hormis les régions limitrophes du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, a annoncé Pagan Amum, secrétaire général du parti à l'issue d'une réunion du bureau politique du parti à Khartoum. «Après avoir étudié la situation, nous, de la section du SPLM au Nord-Soudan, avons décidé de boycotter les élections dans 13 Etats» sur les 15 du Nord, a-t-il déclaré à la presse. En revanche, «nous continuerons à participer aux élections dans le sud, (dans les régions) des montagnes de Nuba (Kordofan-Sud) et du Nil Bleu, et nous sommes certains que le SPLM gagnera», a-t-il poursuivi. M.Amum s'est ensuite lancé dans un réquisitoire contre le parti du président Bechir, le NCP. «Le NCP continue de menacer les observateurs (du scrutin) et s'ils menacent les observateurs (étrangers), vous pouvez imaginer ce qui arrivera au peuple soudanais», a-t-il asséné. Il a affirmé que la Fondation Carter avait «déjà été expulsée de neuf Etats du Nord», jugeant que cela «montrait l'intolérance du NCP (...) et même leur peur que soit découvert leur trucage massif». Graham Elson, un responsable de l'organisme de l'ancien président américain Jimmy Carter, a toutefois démenti. «Personne n'a été expulsé», a-t-il dit. La présidentielle avait perdu de son lustre avec le récent retrait des candidatures du SPLM et des principaux partis d'opposition. Mardi soir, le Parti unioniste démocrate (DUP) a certes fait volte-face -annonçant que son candidat Hatim al-Siret serait finalement présent-, mais la décision du SPLM de boycotter le processus électoral dans le Nord vient ajouter du discrédit aux législatives et aux régionales. Expliquant leur propre boycottage, les quatre principales composantes du Consensus national -le DUP mais aussi le Parti Umma (nationaliste), le Parti Umma réforme et renouveau, et le Parti communiste- avaient accusé la commission électorale de partialité et estimé que le parti présidentiel se préparait à truquer le scrutin. «Quand ils se sont rendus compte que le NCP allait gagner, ils ont décidé de dire que le scrutin était faussé», a rétorqué mardi le président Bechir. Le Umma et le DUP avaient respectivement terminé premier et deuxième du dernier scrutin multipartite de 1986, avant le coup d'Etat militaire de l'actuel président en 1989. Lundi, le département d'Etat américain avait de son côté estimé qu'il fallait «peut-être retarder un peu» les élections pour que le gouvernement soudanais «réponde aux inquiétudes légitimes des partis». Mais la commission électorale soudanaise a répété mardi qu'elles se tiendraient comme prévu. Il n'y aura «aucun report», a dit à la presse le chef du comité technique de la commission, Hadi Mohamad, à l'issue d'un entretien avec l'émissaire américain pour le Soudan, Scott Gration.