S'il ne s'agit pas d'un modèle de démocratie version occidentale et d'un modèle économique également version occidentale, que devraient adopter tous les pays arabes, il reste tout de même à expliciter les modèles de démocratie et d'économie qui seraient conformes à nos valeurs. Il s'impose alors la nécessité d'identifier les systèmes référentiels par rapport auxquels se définissent les visions différenciées dans un contexte où les mêmes mots n'ont pas les mêmes contenus. Echec ou pas échec de la réunion tenue à Syrte en Lybie ? Le guide Libyen avait presque imputé ce qui va s'appeler échec de la Ligue arabe au fait que les citoyens arabes ne sont pas consultés sur les projets définis par les Etats (les régimes) arabes. Certainement qu'il s'agit là d'une vérité. Seraient-ce les peuples ou les pouvoirs qui ne veulent pas de démocratie et du libéralisme économique ? Y a-t-il des peuples qui sont incompatibles avec la démocratie et l'économie de marché? Quand on parle de parodie de démocratie, on pense immédiatement aux pays africains et au monde musulman, pas seulement au monde arabe. Elle ne devrait qu'être fausse la thèse selon laquelle il y a des pays, arabes et musulmans notamment, qui ne voudraient pas vivre en démocratie ou soient inaptes ou inadaptés à se passer de l'Etat providence. Dans notre espace civilisationnel, pour nombre d'observateurs, pendant assez longtemps, c'était l'ennemi Israélien qui avait servi d'alibi pour ne pas aller vers la démocratie. L'islamisme et le terrorisme ont ensuite remplacé l'ennemi Israélien comme alibi pour ne pas aller vers la démocratie. Mais, qui ne voudrait pas d'élections propres, du droit à une alternance basée sur des programmes politico-économiques, une opposition libre, indépendante et organisée, l'indépendance de la justice, la promotion des libertés et du respect des droits de l'homme ? On évoque également l'impréparation des populations à aller vers la démocratie, comme on évoque également l'impréparation des populations à aller vers la concurrence économique sur le plan interne, comme on accuse le secteur privé national d'investir plutôt dans la rentabilité financière immédiate par les choix portés sur les importations. Qui doit les préparer à s'adapter à de nouveaux contextes ? Appartient-il aux pouvoirs publics à les y préparer, à les accoutumer aux valeurs de tolérance et de compétition ? Nous courrons depuis très longtemps, ou plutôt depuis trop longtemps, après la démocratie sans que le contenu soit explicité pour que chacun sache où il en est et où il voudrait bien aller. Il est fort probable qu'il n'y ait pas une même vision développée par tous ceux qui s'en revendiquent. Lors de son investiture, le président de la République avait bien dit que nous poursuivons la voie qui devrait être en conformité avec nos valeurs. Bien entendu, l'occasion n'a as été saisie par la classe politique d'en expliciter le contenu d'un tel modèle de démocratie ? Même l'Alliance ne l'avait pas saisie.