Le Fonds monétaire international a conseillé mardi aux pays engagés dans une réforme de la régulation financière des mécanismes éliminant à la racine la possibilité qu'une entreprise financière pose, par sa taille et ses activités, un risque à l'ensemble du système. "Il ne suffit pas de charger les régulateurs de +surveiller+ étroitement les connexions systémiques ou de traiter les institutions systémiques et non systémiques différemment", indique le FMI dans un chapitre, publié mardi, de son "Rapport sur la stabilité financière mondiale" semestriel. "Il peut être nécessaire pour les régulateurs de concevoir la régulation de sorte à empêcher les institutions de poser des risques systémiques", a-t-il expliqué dans ce chapitre intitulé "Risque systémique et nouvelle conception de la réglementation financière". Le FMI lance ainsi une proposition qui consisterait à "limiter directement la taille de certaines activités" des plus grandes institutions financières, celles dont la faillite éventuelle est considérée comme une menace potentielle pour la stabilité financière mondiale. Le risque systémique, mis en lumière par le pic de la crise financière après la chute de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008, illustre "l'idée que les difficultés que connaît un établissement financier peuvent avoir des retombées négatives sur d'autres", voire sur l'ensemble du système, rappelle le FMI. Le Fonds a proposé en particulier un mode de calcul de nouvelles normes de fonds propres pour les banques pondéré en fonction des risques pris et posés par chacune. Concrètement, il expose un dispositif qui augmente le niveau de capital immédiatement disponible exigé auprès des banques en fonction des actifs risqués qu'elles détiennent, ce niveau s'élevant automatiquement en période de tensions financières. La récente crise financière a entraîné une réflexion nouvelle sur la supervision et la réglementation des interdépendances systémiques, à savoir l'idée que les difficultés que connaît un établissement financier peuvent avoir des retombées négatives sur d'autres. Il s'en est suivi un foisonnement de propositions de réformes réglementaires, mais leurs modalités d'application pratique sont très incertaines. Le chapitre se propose donc de contribuer au débat concernant la réglementation fondée sur les risques systémiques, en suivant une double démarche. Il cherche à répondre à la question de savoir si en confiant explicitement une fonction de surveillance du risque systémique, comme le prévoient certaines propositions récentes dans la zone euro, au Royaume-Uni et aux États-Unis, ce risque peut vraisemblablement être atténué. Il propose par ailleurs une méthodologie pour calculer et lisser une éventuelle obligation complémentaire de fonds propres basée sur les risques systémiques. Sans cautionner nécessairement l'adoption d'exigences additionnelles de fonds propres basées sur les risques systémiques, le chapitre présente une méthode de calcul de ces fonds propres. Cette méthode s'appuie sur le principe selon lequel les fonds propres additionnels doivent être à la mesure de l'interconnexion systémique qui lie les établissements financiers. La fMI indique par ailleurs que le transfert d'abondantes liquidités à des pays dont les taux d'intérêt sont plus élevés et la croissance plus vive peut poser des difficultés aux pouvoirs publics. Bien que les entrées de capitaux aient beaucoup d'avantages, un gonflement soudain de ces entrées peut enclencher l'inflation et causer des bulles des prix des actifs. Il en ressort ainsi que les apports de liquidités mondiales poussent les prix locaux des valeurs mobilières à la hausse et font baisser les taux d'intérêt réels dans les pays qui les reçoivent, en général de façon plus marquée que les liquidités intérieures, et que l'assouplissement du régime de change peut atténuer ces effets. Les pays bénéficiaires des transferts de liquidités ont divers moyens de faire face à l'afflux des entrées de capitaux. Il s'agit principalement de mesures macroéconomiques, y compris l'assouplissement du régime de change si la situation le permet, et du renforcement de la réglementation prudentielle. Lorsque ces mesures ne suffisent pas et qu'il y a des chances pour que l'afflux de capitaux soit passager, le contrôle des capitaux peut compléter la panoplie d'instruments de régulation. L'efficacité du contrôle des capitaux n'est pas entièrement prouvée, mais il peut allonger l'échéance de certains mouvements de capitaux. Même si le contrôle de capitaux s'avère utile pour tel ou tel pays pour parer aux afflux de capitaux, il risque d'avoir des effets indésirables au plan multilatéral en incitant d'autres pays à exercer ce type de contrôle. À l'analyse, il apparaît qu'il y a une forte corrélation entre l'expansion des liquidités mondiales et les prix des actifs, tels que le rendement des valeurs mobilières, dans les pays qui bénéficient de ces apports de liquidités, ainsi qu'avec l'accumulation de réserves de change et les entrées d'investissements de portefeuille dans les pays récepteurs de liquidités.