Le Fonds monétaire international va inciter les ministres et banquiers centraux du G20 à coordonner leurs projets de réforme du système financier et estime que la mise en œuvre de cette refonte devrait attendre que la reprise économique soit installée, a déclaré mardi Laura Kodres, chef de division au département des marchés monétaires et de capitaux du FMI. L. Kodres s'exprimait lors d'une conférence de presse destinée à discuter de plusieurs chapitres du rapport semestriel du FMI sur la stabilité financière dans le monde, publié mardi. Le rapport paraîtra dans son intégralité la semaine prochaine, juste avant les sommets du FMI, de la Banque mondiale et du G20 à Washington. Laura Kodres a indiqué que le G20, en collaboration avec le Conseil de stabilité financière et le Comité de Bâle, faisait de véritables progrès au niveau de l'agenda de la réforme financière. Elle a toutefois souligné que les pays ne devraient pas aller trop loin dans ce processus, qui pourrait aboutir à un arbitrage permettant aux investisseurs de tirer profit des divergences réglementaires entre les pays. Dans un chapitre sur la réduction du risque systémique, le FMI souligne l'importance de prendre en compte les liens transfrontaliers entre les grandes institutions financières. Pour que la coordination fonctionne, les régulateurs devront disposer d'informations appropriées sur les institutions d'importance systémique, les marchés et les instruments, a ajouté L. Kodres. Par ailleurs, les approches en matière d'exigences de fonds propres et de liquidités devront être cohérentes, tout comme les règles de démantèlement des entreprises d'importance systémique, a-t-elle poursuivi. Dans ce chapitre, le FMI argue que la mise en place d'organismes de surveillance du risque systémique n'empêchera probablement pas la survenue de nouvelles crises financières et recommande l'adoption de mesures supplémentaires pour réduire le risque de contagion. Le rapport souligne par ailleurs qu'il ne suffit pas de demander aux régulateurs de surveiller les liens systémiques ou de traiter différemment les institutions systémiques et non systémiques. Il peut aussi être nécessaire pour les régulateurs de concevoir la régulation de sorte à empêcher les institutions de constituer un risque systémique. La publication de ces recommandations intervient en plein débat législatif, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, sur la réforme des structures de régulation financière. D'après le FMI, les propositions actuellement discutées ne vont pas assez loin pour empêcher une réédition de la crise qui avait suivi la chute de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008. La faillite de la banque, que la Federal Reserve (banque centrale des Etats-Unis) avait refusé de sauver, avait entraîné un plongeon des marchés financiers. "Il y a eu un déluge de propositions de régulation après la crise financière", a relevé lors d'une conférence de presse à Washington un économiste du Fonds, Juan Solé. "Mais une caractéristique que nous avons remarquée dans la plupart de ces propositions est un manque de détails sur la conception et la mise en œuvre des mesures auxquelles appelaient ces propositions de réforme", a-t-il poursuivi. Dans un chapitre, publié mardi, de son "Rapport sur la stabilité financière mondiale" semestriel, le FMI se dit sceptique sur la création d'autorités surveillant le risque systémique si elles ne sont pas dotées de pouvoirs d'intervention suffisants. En d'autres termes, il souhaite que les pouvoirs publics puissent supprimer à la racine tout risque de faillite pour des "mégabanques", qui sont des rouages essentiels à la fois dans l'activité de financement de l'économie et sur les grandes places financières du monde. "Il peut être nécessaire pour les régulateurs de concevoir la régulation de sorte à empêcher les institutions de poser des risques systémiques", a-t-il déclaré.