L'augmentation des créances douteuses et la faiblesse de la conjoncture économique ont pesé sur les résultats trimestriels de plusieurs grandes banques européennes et l'Etat belge a même dû se porter au secours de KBC. Le Crédit agricole, la première banque de détail française, et l'autrichienne Raiffeisen International, deuxième groupe bancaire en Europe centrale et orientale, ont tous deux fait état jeudi d'une chute de leurs profits de plus de 70% au premier trimestre par rapport aux trois mois correspondants de 2008, sous le poids des provisions pour créances douteuses. Le Crédit agricole a publié un résultat net de 202 millions d'euros, après avoir accusé une perte de 309 millions au quatrième trimestre 2008. Ses provisions ont été multipliées par 2,4 à 1,085 milliard d'euros, un niveau sensiblement supérieur aux attentes du marché. Mercredi soir, Natixis a pour sa part publié une perte de 1,8 milliard d'euros et annoncé une nouvelle recapitalisation de 3,5 milliards d'euros, ce qui a relancé les interrogations sur le maintien de la cotation de la banque française. A Vienne, Raiffeisen International a fait savoir qu'elle avait multiplié presque cinq fois ses provisions pour risques au premier trimestre pour faire face à des créances douteuses en vive augmentation dans les économies européennes émergentes, notamment en Ukraine, en Russie et en Hongrie. Le groupe bancaire est cependant parvenu à rester bénéficiaire partout sauf en Ukraine et en Slovénie. En Hongrie, il est resté à l'équilibre. Au final, le bénéfice net de Raiffeisen International a chuté de 78% au premier trimestre, à 56 millions d'euros. En Belgique, la bancassurance KBC a signé une perte trimestrielle de 3,6 milliards d'euros sous l'effet de 4,1 milliards de dépréciations dans son portefeuille d'investissements. Elle a demandé des garanties publiques pour couvrir d'autres pertes sur crédit potentielles. C'est la troisième fois que KBC sollicite des aides publiques, l'Etat fédéral et la région flamande ayant déjà injecté pour 5,5 milliards d'euros dans le groupe depuis octobre. Le gouvernement allemand a adopté mercredi un projet de loi permettant de créer une "bad bank" pour soulager les établissements bancaires de leurs actifs toxiques et relancer la confiance dans le système financier. Certains établissements ont mieux traversé le début de l'année. Le groupe belgo-néerlandais Fortis, deux jours après la finalisation de son démantèlement par les Etats belge et néerlandais et par la banque française BNP Paribas a annoncé un bénéfice net trimestriel de 44 millions d'euros, dont 13 millions dans l'assurance. Intesa Sanpaolo, première banque de détail en Italie, a fait état d'une baisse moins marquée que prévu de son bénéfice net, qui a néanmoins reculé de 39% de son bénefice net, à la faveur d'une plus-value fiscale et de mesures de réduction de coûts qui se sont ajoutés à une couverture partielle contre la baisse des taux d'intérêt. La banque, qui subit désormais l'effet de la récession sur sa clientèle, a précisé qu'elle s'attendait à ce que ses profits 2009 ne soient que légèrement inférieurs à ceux de l'an dernier. En Bourse, les valeurs bancaires ont été assez volatiles jeudi après cette nouvelle salve de résultats dans le secteur. L'indice européen Dow Jones du compartiment bancaire a fini la journée sur un gain de 1,28%. Sans surprise, KBC et Natixis ont lourdement chuté pour terminer la séance respectivement en recul de 25% et de 12,7%.