Le président américain Barack Obama a réaffirmé vendredi son engagement à réglementer de manière stricte les produits financiers dérivés, indiquant qu'il mettrait son veto à la réglementation financière en préparation si elle ne mettait pas le marché des dérivés "sous contrôle". "Je mettrai mon veto à cette législation si elle ne met pas le marché des produits dérivés sous contrôle et ne prévoit pas une forme de cadre réglementaire garantissant que nous ne connaîtrons pas une crise du même type que celle que nous avons connu par le passée, a déclaré M. Obama lors d'une réunion avec son Bureau consultatif sur la reprise économique (Economic Recovery Advisory Board ou ERAB), dirigé par l'ex-président de la Réserve fédérale Paul Volcker, qui juge que la nature incontrôlée du marché des instruments dérivés est la principale cause de la crise financière. "Vont-ils se mettre du côté des intérêts particuliers et du statu quo? Ou du côté de tous les Américains? Ceux qui s'opposeront à cette réforme seront responsables d'avoir placé les contribuables dans une situation difficile si une crise comme celle que nous venons juste d'essuyer survient, et j'estime que c'est inacceptable", a ajouté Barack Obama. La menace du veto du président américain accentue la pression sur les adversaires de la réforme, deuxième grand chantier de politique intérieure de l'administration Obama après celui de la réforme de la couverture maladie. Les produits dérivés négociés de gré à gré (en anglais over- the-counter ou OTC) sont des instruments financiers associés à un ou plusieurs autres actifs, par exemple un regroupement d'hypothè ques ou de dettes. Le Congrès américain envisage de proposer de nouvelles lois pour réglementer le marché des dérivés, qui représente quelque 450. 000 milliards de dollars, une mesure qui apporterait la dernière pièce manquante à une large réforme du système financier. Les produits dérivés OTC sont l'une des principales sources de revenus des géants de Wall Street, dont Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, Citigroup et Bank of America. L'administration Obama cherche à mettre en place une réforme en profondeur du système financier. La Chambre a adopté en décembre 2009 un projet de loi de réforme très large. Le sénateur Christopher Dodd, président du Comité bancaire du Sénat, a proposé en février sa propre version du projet de loi, qui doit maintenant être examiné par le Sénat. La version adoptée par la Chambre devra ensuite être harmonisée avec celle du Sénat avant que la version finale ainsi produite soit transmise au président Obama qui doit la signer pour lui donner force de loi. On estime que la procédure d'adoption de cette législation financière devrait être achevée d'ici quelques semaines. Vendredi, le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell a diffusé une lettre signée des 41 sénateurs républicains exprimant leur opposition à la réforme de la régulation financière telle qu'adoptée par la commission Bancaire en mars. Dans la lettre, les élus républicains encouragent le chef de la majorité démocrate Harry Reid à adopter une "approche" consensuelle "plutôt que la démarche partisane choisie sur la réforme de la couverture maladie". "Un projet de loi bipartite doit s'attaquer aux pratiques financières nuisibles des grandes entreprises de Wall Street et des organismes gouvernementaux qui ont conduit à des sauvetages aux frais des contribuables", écrivent les sénateurs. "Nous sommes unis dans notre opposition au projet de loi partisan issu de la commission Bancaire", poursuivent-ils. Selon les républicains, le projet de loi actuel continue d'autoriser les sauvetages d'entreprises financières aux frais des contribuables. Or, le président de la commission Bancaire Christopher Dodd, principal auteur de la réforme de la régulation financière au Sénat, a fermement démenti cette affirmation cette semaine en fustigeant la "désinformation" orchestrée par les républicains. "Il est crucial pour l'avenir de notre économie et le gagne-pain de millions d'Américains des classes moyennes à travers le pays que ce débat ne soit pas sali par la désinformation", a déclaré M. Dodd lors d'un discours devant le Sénat. R.I.