La priorité du prochain sommet du G20 à Toronto " doit être de protéger et de renforcer la reprise ", a annoncé le président américain Barack Obama. " Nous avons travaillé vraiment très durement pour rétablir la croissance ; nous ne pouvons pas faillir ou perdre de la force maintenant ", a-t-il écrit dans la lettre, rendue publique vendredi. " Cela signifie que nous devrions réaffirmer notre unité d' objectif pour fournir le soutien politique nécessaire afin de maintenir la croissance économique forte ", a-t-il poursuivi. M. Obama a ajouté : " Il est essentiel que nous ayons une reprise indépendante qui crée les emplois dont nos concitoyens ont besoin ". D'après lui, les leaders du G20 devraient se préparer à répondre de nouveau aussi rapidement et vigoureusement que nécessaire pour éviter un ralentissement de l'activité économique si la confiance dans la force des reprises mondiales diminue. M. Obama a expliqué que quand les dirigeants du G20 se sont réunis en avril 2009 à Londres, le monde connaissait alors sa pire crise financière mondiale depuis les années 1930. Cet objectif était l'essentiel du message du G20 lors du précédent sommet, qu'avaient accueilli les Etats-Unis à Pittsburgh en septembre. Certains membres du groupe, Etats-Unis en tête, devaient accroître leur épargne pour moins emprunter à l'étranger. D'autres, Chine en tête, devaient aider leurs ménages à consommer plus, pour être moins dépendants des exportations. D'autres enfin, comme l'Europe, devaient réformer leur économie pour augmenter leur potentiel de croissance. Ces recommandations n'ont pas été suivies d'effets, constate M. Obama. "Je suis inquiet de la faiblesse de la demande du secteur privé et de la dépendance des exportations toujours très forte dans certains pays qui ont déjà de forts excédents extérieurs", explique-t-il. "Je veux aussi souligner que des taux de change déterminés par le marché sont essentiels pour la vitalité économique mondiale", ajoute-t-il, en référence à la Chine, dont Washington estime qu'elle maintient une valeur artificiellement basse pour sa monnaie. Sur la dette publique, M. Obama a exposé l'exercice ambigu auquel sont contraints les gouvernements. "Il nous faut nous engager en faveur d'ajustements budgétaires qui stabilisent les ratios de dette par rapport au PIB à des niveaux adéquats à moyen terme", écrit-il, rappelant son engagement personnel à y parvenir. Mais, poursuit-il, "nous devons être souples pour ajuster le rythme de la consolidation et apprendre des erreurs commises par le passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite". Les plans de rigueur annoncés en Europe ont suscité aux Etats-Unis des critiques, certains économistes craignant qu'ils étouffent la demande et nuisent à la croissance mondiale. Enfin, le président américain a longuement détaillé ce qu'il attendait d'une réforme efficace du système financier: "pour soutenir la reprise et renforcer la capacité de nos systèmes financiers à apporter le crédit nécessaire (aux entreprises), nous devons maintenir notre détermination à réparer la finance". Cette réforme devrait selon lui mettre en place un "cadre commun" qui permette notamment de "mieux surveiller les marchés dérivés", "d'apporter plus de transparence" et de "réduire la manipulation des marchés" ainsi que de créer des "règles" qui obligeraient le secteur de la finance à supporter tout fardeau dont il pourrait être à l'origine. Les Etats-Unis, à l'origine de la crise financière et de la récession mondiale, sont engagés depuis plus d'un an dans le chantier de la réforme de leur cadre de régulation financière, le plus ambitieux du G20. De son côté, le Premier ministre canadien Harper a envoyé une lettre aux dirigeants des vingt pays riches et émergents leur demandant de poursuivre l'application de leur plan de relance afin de faire repartir l'économie mondiale, mais aussi de commencer à planifier la maîtrise de leur dette qui risque de saper une reprise "fragile et inégale", a précisé ce responsable ayant requis l'anonymat. "Nous devons convenir que ces plans (de relance) causeront des déficits d'ici 2013 et que les gouvernements doivent stabiliser leur ratio dette/PIB, ou se mettre à le diminuer d'ici 2016", insiste-t-il dans sa lettre, selon les extraits communiqués par le responsable. "L'assainissement des finances publiques ne se révélera néanmoins concluant que si nous prenons des mesures concertées dans l'ensemble des pays du G-20 en vue de soutenir la demande mondiale, de réduire les taux de chômage inacceptables et d'atténuer la pauvreté dans le monde", écrit-il. Le Premier ministre canadien demande, dans les économies avancées, des "plans d'assainissement des finances publiques clairs, crédibles et propices à la croissance" et appelle à des "mesures visant à accélérer le redressement et la réforme du secteur financier".