Alors que Londres veut intensifier la pression internationale sur Téhéran, le prix du pétrole, au plus haut, frise les 67 dollars. En effet, les cours du brut ont atteint un nouveau plus haut hier dans les échanges électroniques cotés en Asie, alimentés par les craintes d'une escalade des tensions avec l'Iran qui pourrait déboucher sur des interruptions de production, ont indiqué des courtiers. Le contrat du brut léger américain pour livraison en mai bondissait de 62 cents à 66,65 dollars contre 66,03 dollars jeudi soir à New York, le cours le plus élevé depuis septembre 2006. Le brent de la mer du Nord pour livraison en mai progressait de 73 cents à 68,61 dollars, soit une huitième journée de hausse consécutive. Près d'une semaine après l'arrestation par l'Iran de 15 marins britanniques dans le Golfe, accusés d'avoir pénétré illégalement dans les eaux iraniennes, Londres a exclu toute négociation en vue de leur libération, Téhéran ayant reporté la libération de la seule femme faisant partie du groupe en raison du "comportement inadéquat" de la Grande-Bretagne. Cette crise, combinée avec les nouvelles sanctions imposées à l'Iran par l'ONU le week-end dernier pour son programme nucléaire, alimente les craintes des courtiers quant à une diminution des exportations de pétrole iranien ou de pétrole transitant par le détroit d'Hormuz. L'Iran est le quatrième exportateur mondial de pétrole. "Les prix ont crû rapidement en raison de l'accroissement des tensions au Proche-Orient. Cela montre la fragilité profonde du marché malgré une période marquée par une demande étonnamment faible pour la saison", a déclaré Gerard Burg, analyste de la National Australia Bank. "Le marché est extrêmement nerveux au sujet de l'Iran, à juste titre, personne ne sait ce qui va se passer", a indiqué, pour sa part, un analyste de la maison de courtage Trafigura. "Les rumeurs et les informations se sont bousculées depuis quelques jours, il est normal de voir le marché réagir ainsi", a-t-il ajouté. Hier, Téhéran retenait toujours les 15 marins britanniques. Si la situation venait à se dégrader encore, "je ne serais pas surpris de voir les cours bondir à 70 dollars, voire plus", avançait Simon Hayley, économiste à Capital Economics. "Il faudrait pour cela qu'augmente la probabilité d'une suspension des exportations de l'Iran ou des pays du Golfe", a-t-il précisé. L'Iran a, plusieurs fois, fait allusion à une éventuelle interruption de ses exportations, qui risquerait de faire grimper en flèche les cours. Certains analystes soulignent qu'il pourrait bloquer le détroit d'Ormuz, par lequel transitent 20% du pétrole mondial. Les prix restent pour l'heure en-deçà de leurs plus hauts atteints l'été dernier, à presque 80 dollars le baril, sur fond de conflit au Liban et de controverse autour du programme nucléaire iranien. Par ailleurs, la grève des agents CGT au Port autonome de Marseille (PAM) "augmentait les inquiétudes du marché quant à une baisse de l'offre en Europe et des importations des Etats-Unis, où les stocks d'essence sont en déclin", ont relevé les analystes de la maison de courtage Sucden. L'Union française des industries pétrolières (UFIP) a affirmé mercredi que des raffineries françaises devraient fermer dès vendredi si le mouvement de grève, qui entre dans sa troisième semaine, se poursuit au PAM, deuxième port européen pour les hydrocarbures. Une pénurie se ferait sentir une dizaine de jours après l'arrêt des raffineries, selon l'UFIP.