Alors que les prix du pétrole semblent ne pas vouloir arrêter leur ascension, atteignant de nouveaux plus hauts depuis onze mois, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a de nouveau exhorté mardi l'Opep à accroître sa production. Mieux encore, le directeur l'AIE, Claude Mandil, a estimé que l'Opep pourrait augmenter “discrètement” sa production pétrolière dans les mois qui viennent sans forcément l'annoncer. “Ce ne serait pas la première fois que les pays de l'Opep auraient des pratiques de production légèrement supérieures à ce qu'ils ont annoncé”, a commenté Claude Mandil lors d'une conférence de presse sur les perspectives énergétiques du secteur des transports. Il espère toutefois que le cartel va “augmenter (sa) production aussi vite que possible”. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui répète régulièrement qu'elle n'a pas l'intention d'augmenter sa production cet été malgré des prix pétroliers proches de leurs sommets historiques, n'a pas tardé à réagir à ces propos. En effet, M. Abdullah Al-Attiyah, ministre de l'Energie du Qatar, a répondu hier que le cartel était prêt à relever ses quotas si le marché en avait besoin mais qu'à l'heure actuelle, l'Organisation des pays exportateurs du pétrole ne pouvait rien contre la hausse des cours. “Le monde est confronté à une pénurie d'essence et de gasoil, mais pas de brut”, a-t-il dit, montrant également du doigt la spéculation et les tensions internationales. L'Opep estime donc que les marchés du pétrole restent bien approvisionnés et que les fondamentaux du marché ne nécessitent pas de procéder à une augmentation de l'offre de l'organisation pour le moment. Du moins pas avant sa prochaine réunion prévue le 11 septembre à Vienne. Les prix du pétrole évoluaient hier à des niveaux proches des plus hauts depuis presque un an, touchés la veille à Londres et à New York. Vers 10H00 GMT, sur l'Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août cédait 32 cents à 76,08 dollars. Mardi, il avait grimpé jusqu'à 76,63 dollars, prix qu'il n'avait plus atteint depuis le 10 août 2006. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour la même échéance perdait pour sa part 36 cents à 72,45 dollars sur la plate-forme des échanges électroniques. Mardi, il avait atteint 73,08 dollars, son plus haut depuis le 25 août 2006. En un mois, les prix du pétrole ont progressé de quelque six dollars, à Londres comme à New York. Les prix sont tirés essentiellement par l'inquiétude sur les approvisionnements en essence aux Etats-Unis. Les réserves d'essence, inférieures de 4,2% à leur niveau de l'an dernier à la même époque, sont jugées inquiétantes en cette période de grands déplacements automobiles aux Etats-Unis. Le marché attendait hier la publication du rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE). Selon leurs dernières estimations, les stocks d'essence, paramètre le plus surveillé du moment, se seraient accrus de 825 000 barils la semaine achevée le 6 juillet. Les réserves de produits distillés (fioul et gaz de chauffage) auraient augmenté de 900.000 barils. Quant aux stocks de brut, ils auraient baissé de 50 000 barils. Enfin, les raffineries auraient augmenté leur cadence, avec un taux d'utilisation de 90,4%, en hausse de 0,4 point de pourcentage sur une semaine, mais loin encore du taux de 95% jugé nécessaire pour répondre à la forte hausse de la demande. La dégradation des conditions de sécurité au Nigeria, premier producteur africain de brut, et l'inquiétude sur le programme nucléaire iranien contribuent également à soutenir les prix. Au Nigeria, les attaques contre les infrastructures amputent lourdement la production de brut. Selon l'AIE, les interruptions de production se sont montées à 800.000 barils par jour en moyenne en mai, et le Nigeria n'a produit alors que 2 millions de barils par jour environ.