Plus de 130 morts, est le bilan de plusieurs attentats suicides menés jeudi et vendredi dernier contre la population chiite à Bagdad suivis de représailles envers les sunnites. Dans la ville de Khalis, au nord de la capitale irakienne, un des attentats a visé le marché du district de Shaab dans le nord de Bagdad et a fait76 morts et une centaine de blessés, pour la plupart des femmes et des enfants, selon la police irakienne. Le quartier de Chaab est proche de Sadr City, un bastion chiite souvent pris pour cible par les insurgés islamistes d'Al-Qaida. D'après la population, deux hommes portaient des maillots de corps remplis d'explosifs qu'ils ont fait sauter simultanément. Les explosions ont aussi fait plus de 80 blessés. La plupart des victimes sont des femmes et leurs enfants, venues s'approvisionner en nourriture à la veille de la journée musulmane de repos et de prière, en commémoration de la naissance du Prophète Mahommed. Pratiquement au même moment, à Khalis, à 80 km au nord de la capitale, dans la province de Diyala, 53 personnes ont péri et 103 autres ont été blessées dans trois attentats à la voiture piégée qui se sont produits à quelques minutes d'intervalle.Une des bombes a visé un centre commercial, une autre un poste de contrôle des forces de sécurité et la troisième des policiers qui se rendaient sur place après les premières explosions. Ali Sadik, un fonctionnaire qui attendait à une station de taxis, près du lieu d'un des attentats a expliqué : "Une énorme explosion s'est produite près des boutiques. Je me suis jeté à terre et j'ai couvert ma tête avec mes mains. L'air était saturé de poussière et de fumée". "En l'espace de quelques minutes, j'ai entendu une autre explosion, puis une troisième", a-t-il ajouté. Le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, a condamné ces attentats et appelé la population à ne pas laisser faire les poseurs de bombes et à coopérer avec les forces de sécurité qui, a-t-il dit, "sont déterminées à débarrasser l'Irak du terrorisme". Mardi, deux camions piégés avaient fait 85 morts dans un secteur chiite de Tal Afar, une localité du nord du pays. Quelques heures plus tard, en représailles, des chiites, parmi lesquels des policiers, avaient abattu 70 sunnites. Rien ne semble confirmer les propos tenus par le Premier ministre irakien. Chaque jour, des dizaines de corps de personnes assassinées, souvent après avoir été torturées, sont ainsi retrouvés à travers le pays. Vendredi, pas moins de 23 corps ont été découverts à Mossoul, la troisième ville du pays, à 370 km au nord de Bagdad. Jeudi soir, 25 corps avaient été retrouvés à Bagdad. Le peuple irakien, divisé comme jamais, se trouve entre l'enclume et le marteau, d'un coté l'envahisseur américain et de l'autre, la guerre confessionnelle. Au même moment, à Washington, Le Sénat américain a adopté un projet de loi liant le financement de la guerre en Irak à un calendrier de retrait des troupes, illustrant l'affrontement ouvert entre le Congrès démocrate et George W. Bush. Les démocrates reprochent à l'administration Bush de s'accrocher à une stratégie ratée, qui a permis à la guerre de s'éterniser sur plus de 4 ans, avec un coût très lourd en vies et en argent (plus de 3 200 militaires tués, quelque 500 milliards de dollars débloqués), sans parler des milliers d'irakiens tués et d'un pays éclaté, qui ne trouvera pas de stabilité avant fort longtemps.