Après sa comédie, Gourbi Palace, un petit film produit par l'ENTV, Bachir Derrais un ancien technicien de la défunte ENPA revient avec un long métrage à gros budget, Dix millions de centimes. L'avant-première de l'œuvre a été présentée jeudi dernier à la salle El Mouggar, dans le cadre, d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007” en présence de HHC, DG de l'ENTV qui a subventionné le film, et Khalida Toumi, ministre de la Culture qui a soutenu le film. C'est avec Morituri, une œuvre signée Okacha Touita, adaptée du livre éponyme de Yasmina Khadra, et produite par Bachir Derrais que le cycle cinéma, d'“Alger, capitale de la culture arabe 2007 ” a été inauguré il y a plus d'un mois. Dix millions de centimes est, d'abord, une histoire vraie. C'est une adaptation d'une nouvelle écrite il y a quelques années par un ancien officier de l'armée. Le réalisateur nous replonge dans les événements aussi violents qu'incompréhensibles de la tragédie nationale. Hichem Mesbah, le comédien principal du film (IDIR), s'en va désespérément chercher une somme d'argent relativement colossale pour une famille pauvre, afin de permettre à son père, (Saïd Amadis) de subir une opération chirurgicale dans un hôpital public, le médecin (Miloud Khetib) l'ayant forcé à mettre la main à la poche avant de sauver son père. Il tape à toutes les portes, même à celles des banques publiques qui l'envoient “paître”. C'est alors qu'il revoie un ancien ami de la famille, devenu un riche importateur. Celui-ci lui donne cash la somme demandée et à partir de là, tout s'imbrique. Un jour que ce riche importateur demande à Idir de le voir dans un café maure, un jeune très in les rejoints “ par hasard”. Ce dernier feint d'avoir un problème technique dans son PC contenant des fichiers d'une grande importance. Idir est la personne idéale pour venir en aide à cet étranger, ami du riche homme d'affaires. Naïvement, le personnage principal s'embarque avec cet étranger qui l'emmène dans les cocons forestiers ou ses “ frères de combat”, sont installés semant la terreur parmi la population. Le personnage principal devait remplacer un terroriste abattu, qui était spécialisé dans le dépôt des bombes. Malgré lui, Hichem Mesbah est impliqué dans cette machine infernale de violence et de terreur. On le croit mort. Sa fiancée, l'excellente Albane Fioretti, est désespérée par cette subite disparition. Le cœur de sa mère, la sémillante Hadjira Oulabcir, lâche quand elle reçoit la nouvelle du décès de son rejeton. C'est alors que le personnage principal décide de s'enfuir des mains de terroristes et rejoint une ancienne connaissance, tenancier d'un restaurant. La mère de sa fiancée, (Nadia Samir) le renie et n'informe même pas sa fille du retour de son amant qu'elle qualifie à présent de terroriste. Mais, au-delà de cette petite histoire d'amour, il y a un récit, de vengeance dans ce film qui décrit de façon ostentatoire la décomposition de certains noyaux domestiques suite aux actes terroristes. Hichem Mesbah retrouve le richissime homme qui l'a impliqué dans les rouages de la violence terroriste. Il le tue à distance en actionnant une bombe artisanale qui fait voler en fumé sa luxueuse voiture. Entre-temps sa fiancée enceinte prend le départ pour Paris. Avec cette absence, sa mère décide enfin de lui dire la vérité sur son amant qui, lui aussi, entreprend des démarches pour rejoindre sa belle de mai. Dix millions de centimes, au même titre que Rachida de Yamina Bachir Chouikh, se situe dans la catégorie d'œuvres qui reviennent avec un regard distancié sur quelques -uns des aspects de la décennie qui a ensanglanté un pays, un peuple.