Chacun nettoie devant sa porte. C'est le moins que l'on puisse dire devant l'incapacité des instances internationale, à maîtriser le phénomène de la pêche illicite du thon. Ainsi, huit pays du Pacifique dont les eaux territoriales abritent plus d'un quart de la ressource mondiale en thon, ont convenu il y a deux jours de proposer une limitation de leur zone de pêche afin de réduire les prises. Ces huit pays insulaires du Pacifique - Papouasie Nouvelle-Guinée, Palau, îles Salomon, Etats fédérés de Micronésie, Kiribati, Nauru, Tuvalu et îles Marshall - sont regroupés au sein de l'accord de Nauru (PNA).Ils se sont mis d'accord vendredi pour interdire la pêche sur une zone de 4,5 millions de km/2, alors que la pêche au thon est déjà interdite dans deux zones de haute mer. Les pays qui veulent obtenir un droit de pêche dans les zones économiques de ces huit pays devront s'engager à respecter cette interdiction de pêche. La proposition sera soumise en décembre à la réunion annuelle de la Commission des pêches du Pacifique centre et ouest. "Il ne sera pas aisé (d'obtenir un accord sur cette interdiction)", a déclaré Sylvester Pokajam, directeur général des Pêches de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Cela aura un grand impact sur le thon obèse qui est surpêché .Selon des rapports de scientifiques, le thon albacore (ou thon jaune) comme le thon obèse sont sur-pêchés et sont menacés s'il n'y a pas de diminution significative des prises annuelles. Regroupés au sein de l'accord de Nauru (PNA), ces pays du pacifique tentent de réguler la pêche au thon dans le Pacifique afin de protéger et pérenniser leurs ressources."Il y a bien trop de jours dans l'année ouverts à la pêche et bien trop de bateaux dans la région", a déploré Transform Aqorau, directeur des programmes de cet accord. Réduire le nombre de jours de pêche et de navires serait selon lui le meilleur moyen pour permettre aux pays membres de tirer un plus grand bénéfice des droits de pêche tout en préservant la ressource en thon. Les membres du PNA envisagent de mettre en place un système qui remplacerait les licences de pêche par une vente aux enchères de jours autorisés à la pêche, système qui existe déjà pour la pêche à la bonite, un poisson dont la population est abondante et qui est couramment utilisé par les conserveries. En l'étendant à la pêche aux thons les plus en danger, l'albacore et le thon obèse, majoritairement destinés au marché japonais des sushis et du sashimi, les pays du PNA protégeront deux espèces menacées par la surpêche qui pourraient disparaître si aucune mesure n'est mise en place pour diminuer le nombre de captures. Par ailleurs, en Europe, le Parlement a adopté un projet de résolution instaurant de nouvelles règles pour assurer une meilleure traçabilité du thon rouge, depuis sa pêche jusqu'à sa mise sur le marché. Approuvé par la commission de la pêche, ce projet de règlement vise à transposer, en droit communautaire, les règles adoptées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), dont l'Union européenne est partie contractante. Les nouvelles dispositions législatives prévoient aussi l'obligation d'établir un document officiel pour tous les thons rouges. Celui-ci comprendra des données concernant : la capture (nom du navire ou de la madrague, État du pavillon, quantités capturées, lieu et mode de capture) ; l'exportateur ou le vendeur sur le marché intérieur ; le transbordement (nom des navires, date, port, description du produit, poids) ; l'élevage (nom, date de mise en cage, quantités estimées) ; la récolte (date, nombre de poissons, numéros des marques) ; la commercialisation. L'objectif de toutes ces mesures est de mettre un terme à la surpêche et améliorer le contrôle des stocks.