La crise économique mondiale a ralenti le rythme de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement et retarde les progrès en vue d'atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire (ODM), selon un nouveau rapport publié par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). La crise a un impact sur plusieurs aspects clés des ODM, notamment ceux qui ont trait à la faim, à la santé maternelle et infantile, à l'égalité des sexes, à l'accès à l'eau potable et au contrôle des maladies et elle continuera à avoir des répercussions à long terme sur les perspectives de développement bien au-delà de 2015, selon le rapport intitulé Global Monitoring Report 2010: The MDGs after the Crisis (Rapport de suivi mondial 2010 : les ODM après la crise). En raison de la crise, 53 millions de personnes de plus que si la crise n'avait pas eu lieu demeureront dans l'extrême pauvreté d'ici 2015. Malgré cette hausse, le rapport prévoit que le nombre total de personnes vivant dans l'extrême pauvreté devrait s'élever à 920 millions d'ici cinq ans, soit une baisse par rapport au total de 1,8 milliard de personnes vivant dans l'extrême pauvreté en 1990. Selon ces estimations, le monde en développement dans son ensemble est en bonne voie d'atteindre le premier ODM qui est de réduire l'extrême pauvreté de moitié par rapport à son niveau de 42 % en 1990 d'ici 2015. La crise des prix des denrées alimentaires de 2008 et la crise financière qui a débuté la même année ont exacerbé la faim dans le monde en développement. Il est donc très peu probable que l'objectif de développement pour le Millénaire critique visant à réduire de moitié la proportion de personnes souffrant de la faim entre 1990 et 2015 soit atteint étant donné que plus de 1 milliard de personnes ont de la difficulté à subvenir à leurs besoins alimentaires de base, dit le rapport. La malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes a un effet de multiplication et est responsable de plus d'un tiers des maladies dont souffrent les enfants de moins de cinq ans et de plus de 20 % des cas de mortalité maternelle. Selon les projections de la Banque mondiale, pour la période de 2009 à la fin de 2015, environ 1,2 million de décès supplémentaires pourraient survenir parmi les enfants de moins de cinq ans en raison de causes attribuables à cette crise. Or, les effets de cette crise auraient pu être encore plus graves si les pays en développement n'avaient pas entrepris de saines réformes politiques avant la crise et si les pays et institutions financières internationales n'avaient pas agi de manière vigoureuse pour lutter contre ces effets. Les dépenses des gouvernements pour les filets de sécurité sociale semblent être demeurés stables, au moins jusqu'en 2009, et les efforts massifs de la communauté internationale pour limiter la contraction économique et la contagion ont porté fruits. " La crise financière a été un choc extérieur grave qui a lourdement touché les pays pauvres. Ses effets auraient pu être bien pire encore si les institutions et les politiques ne s'étaient pas améliorées dans les pays en développement au cours des 15 dernières années ", dit Murilo Portugal, directeur général adjoint du FMI. " La crise dans le monde en développement a un impact potentiellement grave sur la vie de tous les jours puisque la marge de manoeuvre d'un grand nombre de gens y est si faible même lors des meilleures périodes. " Entraîné par la solide performance des économies émergentes et par la reprise des échanges commerciaux mondiaux, la croissance du produit intérieur brut (PIB) des pays en développement devrait progresser de 6,3 % en 2010, contre 2,4 % en 2009, selon les nouvelles projections du FMI contenues dans ce rapport. Parallèlement, la production à l'échelle internationale devrait augmenter de 4,2 % cette année, contre une diminution de 0,6 % en 2009. La reprise demeure néanmoins fragile, avec des implications pour les ODM. " Même s'il est encore possible d'atteindre les ODM dans certains pays et régions, nous savons de par les crises du passé que les progrès humains (que ce soit en termes de revenu, de nutrition, de santé ou d'éducation) ont tendance à grandement diminuer lors de mauvaises périodes tandis que la reprise des progrès prend beaucoup plus de temps lors des bonnes périodes ", déclare Justin Yifu Lin, économiste principal de la Banque mondiale.