Les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange se sont repliés cette semaine, victimes des effets de la crise grecque, qui a refroidi l'ardeur des investisseurs pour tous les placements à risque, notamment les matières.Le marché des métaux de base n'a pas échappé à la crise de la dette en Europe, qui a secoué cette semaine toutes les places financières: l'événement a pesé sur les cours, la plupart rechutant à leurs niveaux de début mars. "Les incertitudes actuelles sur l'état des dettes en Europe ont assombri le marché, occultant les nouvelles positives sur l'évolution de l'offre et de la demande de métaux", a commenté Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. Mardi, l'agence de notation Standard and Poor's a abaissé de trois crans la note de la Grèce, la reléguant dans la catégorie des investissements spéculatifs, et elle a également dégradé la note souveraine du Portugal, à "A-". Le lendemain, elle a de nouveau semé l'effroi en abaissant la note de l'Espagne d'un cran. Ces annonces ont attisé la crainte que la Grèce ne fasse défaut sur sa dette mais aussi que la crise ne s'étende à d'autres pays périphériques de la zone aux déficits publics inquiétants, comme l'Espagne, le Portugal, l'Italie ou l'Irlande (qui forment avec la Grèce le groupe dit des "PIIGS"). En fin de semaine, les métaux émergeaient toutefois des creux touchés mercredi. L'assurance apportée par Bruxelles d'une finalisation rapide du plan d'aide à la Grèce créait un climat plus favorable à la prise de risques. A la mi-avril, les métaux de base avaient touché des niveaux records depuis des mois, voire des années, poursuivant leur redressement remarquable de l'année 2009. Pour Michael Widmer, analyste de Merrill Lynch, la progression des prix devrait se poursuivre, même de façon saccadée, à la faveur de la reprise économique, qu'il voit s'étendre à l'année 2011. "Comme la demande s'accélère, des pénuries d'offre devraient réapparaître. La production de métal recyclé n'abonde pas, pour la plupart des métaux. La production minière de cuivre est également très juste", juge-t-il. Mais d'autres spécialistes s'inquiètent d'un ralentissement des importations chinoises, l'un des principaux vecteurs de la hausse des prix en 2009. Avec la fin du cycle de restockage et le resserrement monétaire qui se dessine en Chine, "les importations de métaux devraient ralentir fortement au deuxième trimestre de l'année", promettant "des temps difficiles" pour le marché des métaux, juge par exemple Nikolaus Keis, analyste chez Unicredit. Les cours du CUIVRE ont cédé 4,2% de leur valeur, après avoir baissé mercredi jusqu'à 7360 dollars, un plus bas depuis fin mars. L'ÉTAIN et le ZINC ont eux aussi touché des plus bas depuis un mois, plongeant jusqu'à respectivement 17'600 dollars et 2285 dollars. Les prix de l'ALUMINIUM sont retombés sous la barre des 2000 dollars la tonne. A 1980 dollars, ils ont renoué avec leur niveau de début mars. Le NICKEL, champion des deux derniers mois, a perdu 4% et il est retombé jusqu'à 24'750 dollars. Sur le LME, une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois valait 7399 dollars la tonne vendredi à 11H30 GMT contre 7740 dollars la tonne vendredi dernier à 16H00 GMT. A contrario, les frets pétroliers ont retrouvé un peu d'élan la semaine dernière, renouant avec leurs niveaux de début mars, tandis que les prix du transport de marchandises sèches évoluaient en ordre dispersé. L'indice composite Baltic Dry Index (BDI), moyenne des prix pratiqués sur 24 routes mondiales de transport en vrac de matières sèches (minerais, charbon, métaux, céréales, etc.), a poursuivi sur sa lancée de la semaine précédente. Il a terminé vendredi 23 avril à 3.013 points, son meilleur niveau depuis le 29 mars, contre 3.009 points le vendredi précédent. Le Baltic Panamax Index (BPI), qui comporte sept routes dont la plupart concernent les céréales, a en revanche échoué à conserver son mouvement de hausse. Il a fini vendredi dernier à 3.757 points, un plus bas depuis trois semaines, contre 4.034 points une semaine plus tôt. Les frets pétroliers ont quant à eux grimpé à l'unisson, retrouvant de l'élan après une période de stagnation ou de baisse. "Jusqu'alors (...) l'offre et la demande paraissent équilibrés, et l'optimisme devrait dominer chez les propriétaires de navire", commentaient les analystes de l'agent maritime Barry Rogliano Salles (BRS), tout en avertissant que la semaine à venir allait être "essentielle", sachant que des vacances nationales démarreront au Japon.