Les métaux du London Metal Exchange ont été laminés cette semaine par les anxiétés soulevées par la crise grecque, vue comme une menace pour la reprise mondiale, ainsi que par un resserrement du crédit en Chine, faisant craindre un ralentissement de sa consommation. Les principaux métaux sont retombés à leur niveau du mois de février, cédant le terrain conquis en mars-avril. "L'ensemble des métaux ont chuté, entraînés vers le bas par les incertitudes sur l'évolution de la dette européenne mais aussi sur l'impact que pourrait avoir le resserrement du crédit en Chine sur la consommation de métaux", a résumé Nicholas Snowdon, analyste chez Barclays Capital. La chute des métaux s'est inscrite dans un mouvement touchant l'ensemble des matières premières, notamment le pétrole qui a lâché quelque 10 dollars sur la semaine. Seule exception remarquable, l'or a profité à plein de ses qualités de placement sûr et s'est approché de son record historique. Non seulement la crise grecque fait peser une ombre sur la reprise économique mondiale, mais elle a fait bondir le dollar face à l'euro, réduisant fortement l'appétit des investisseurs pour les matières premières vendues dans cette devise. Le billet vert a atteint jeudi soir 1,2529 dollar, son niveau le plus haut depuis début mars 2009 face à l'euro. Autre événement jugé défavorable à la consommation de métaux, la Banque centrale de Chine a annoncé dimanche un relèvement de 0,5 point de pourcentage du taux de réserves obligatoires des banques, afin d'éviter une hausse de l'inflation et une surchauffe de son économie. Par ailleurs, le marché du LME s'est fortement ému du projet de taxation du secteur minier dévoilé dimanche par le gouvernement australien. Canberra a annoncé qu'il comptait instaurer, à partir de 2012, une taxe de 40% sur les super-profits des groupes miniers, provoquant l'ire de ce secteur. "Du point de vue de l'offre et la demande, la principale crainte est que (cette nouvelle fiscalité) ait un impact négatif pour les futurs projets d'investisements du pays, ce qui pourrait à terme réduire les niveaux de production", juge M. Snowdon. Le CUIVRE, considéré comme le baromètre du marché, a vu son cours chuter jusqu'à 6632 dollars la tonne, un plus bas depuis le 10 février. Les analystes notaient toutefois deux éléments positifs pour l'évolution de son prix. D'une part, les stocks de métal ont continué à baisser dans les entrepôts du LME. Tombés à 493'000 tonnes, sous la barre du demi-million de tonnes, ils s'affichent à leur niveau le plus bas depuis fin décembre. D'autre part, les prix du LME sont de nouveau inférieurs à ceux du marché des métaux de Shanghai, ce qui pourrait encourager des achats de la Chine. Aussi, la forte inquiétude qui s'est emparée des marchés financiers a poussé cette semaine les cours de l'or à plus de 1200 dollars, tout près du record historique de décembre dernier, mais l'argent, le platine et le palladium on subi un net recul, victimes de l'appréciation du dollar. Profitant de la frilosité des investisseurs, l'or a conclu la semaine à plus de 1.200 dollars l'once pour la première fois cette année. Jeudi, l'once de métal jaune a atteint 1210,70 dollars, grimpant à une quinzaine de dollars seulement de son record historique de 1226,56 dollars, atteint le 3 décembre 2009. Libellée en euros, en francs suisses et en livres sterling, elle a touché de nouveaux records historiques, soulignaient les analystes. Sans surprise, les fonds cotés adossés à l'or (ETP, Exchanged Traded Products), véhicules financiers préférés des investisseurs, ont enregistré un afflux massif d'investissements. "Le fonds coté SPDR (le plus gros au monde, sdlr) a enregistré jeudi (5 mai) une hausse de 20 tonnes, sa plus forte progression en un jour depuis février 2009, avec des participations ayant atteint en tout 1.185,78 tonnes, un record", rapportait James Moore, du cabinet Bullion Desk. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1202,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1179,25 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent n'a pas réussi à faire valoir ses qualités d'alternative à l'or et elle a été pénalisée par le regain du billet vert. Interrompant des mois d'ascension, les cours du platine et du palladium sont descendus des sommets atteints la semaine précédente, victimes comme les autres matières premières de l'appréciation du dollar. Face à une monnaie laminée par les craintes sur les dettes de la zone euro, le dollar a grimpé jeudi soir jusqu'à 1,2529 dollar pour un euro. Ce mouvement érode le pouvoir d'achat pour les matières premières des investisseurs munis d'autres devises. Le platine est retombé mercredi jusqu'à 1.624 dollars, niveau plus observé depuis un mois, tandis que le platine plongeait sous les 500 dollars, jusqu'à 484,40 dollars.