Les élections législatives de jeudi en Grande-Bretagne sont les plus disputées depuis des décennies : bien placé pour faire tomber Gordon Brown, le conservateur David Cameron risque cependant de ne pas obtenir la majorité absolue qui lui ouvrirait les portes de Downing Street dès vendredi. Au pouvoir depuis treize ans, les travaillistes se battent pour décrocher une historique quatrième victoire consécutive. Mais l'impopularité du premier ministre est telle que leur meilleur espoir d'être reconduits repose sur une coalition avec les libéraux-démocrates. Le parti centriste a réalisé une percée inattendue dans les sondages, dans la foulée des prestations remarquées de son leader Nick Clegg lors des débats télévisés électoraux. Les trois partis se tiennent en quelques points dans les intentions de vote, ce qui laisse présager un Parlement sans majorité absolue. Des tractations compliquées pour former le gouvernement en découleraient. Les tories sont quasiment assurés de remporter le vote populaire, mais en raison des distorsions liées au mode de scrutin (uninominal à un tour), les travaillistes pourraient arriver en troisième position en voix, et quand même obtenir le plus grand nombre de sièges. Les chefs des trois partis britanniques ont jeté toutes leurs forces mercredi dans leur dernière journée de campagne, tentant de séduire les millions d'électeurs encore indécis à la veille des législatives les plus serrées depuis une génération.L'hypothèse la plus probable reste celle d'un Parlement "suspendu", avec une majorité relative pour les Tories. Des analystes estiment que si son parti est proche de la majorité absolue (326 sur 650 députés), Cameron pourrait tenter de passer en force et former un gouvernement minoritaire, avec l'appoint de petites formation comme les Unionistes de l'UUP, mais sans devoir pactiser avec les Lib Dems. Faute de constitution écrite, le Royaume-Uni se repose en effet sur la tradition, qui veut que le Premier ministre au pouvoir forme le premier gouvernement en cas de parlement suspendu, même si son parti n'a pas la majorité des voix. Le tabloïde The Sun, qui s'est rangé derrière les Tories après avoir soutenu le Labour de Blair, apporte sa contribution au débat électoral à sa façon, inimitable. En page 3, il fait poser seins nus non pas une, mais 16 jeunes femmes. Et assure que le Labour comme les Lib Dems envisagent de s'attaquer à cette fameuse "Page 3". "Sauvez ces filles du chômage demain" en votant Tories, plaide le journal.