Le leader du parti conservateur est donné favori des élections législatives britanniques. Hier, 45 millions de Britanniques étaient attendu aux urnes pour des élections législatives qualifiées comme les plus serrées de ces vingt dernières années. 650 sièges sont à pourvoir, avec une majorité absolue à 326. Majorité nécessaire pour former immédiatement un gouvernement mais loin d'être facile à obtenir. La presse britannique mise sur la victoire des conservateurs (Tories) menés par David Cameron. Les sondages le donnent favori mais à quelques points seulement devant les travaillistes de Gordon Brown. Le scénario laisse donc entrevoir une Chambre des communes - la Chambre basse du Parlement - sans majorité absolue. Cette configuration, qui serait inédite depuis 1974, est connue sous le nom de Parlement « suspendu ». La fin du règne travailliste Depuis plus de 13 ans, le pouvoir est aux mains du parti travailliste (Labour). Un règne usé et aujourd'hui mis à mal par l'impopularité du Premier ministre Gordon Brown. Néanmoins, la particularité du système électoral britannique, uninominal majoritaire à un tour, et le découpage des circonscriptions, pourraient être favorables aux travaillistes. L'actuel locataire du 10, Downing Street, peut donc espérer décrocher le plus grand nombre de sièges même s'il est devancé au niveau national dans les urnes. En effet, la dernière moyenne des sondages, publiée à la veille des élections, créditait les Tories de 35% d'intentions de vote contre 29% au Labour et 26% au Lib-dem (libéraux). Un tel résultat donnerait, d'une courte tête, le plus grand nombre de sièges aux travaillistes (272) devant les conservateurs (270). Dans leur sillage, les libéraux obtiendraient 79 sièges. La campagne électorale britannique a pour la première fois de son histoire, donné lieu à des débats télévisés. Un exercice que le chef de file des libéraux-démocrates, Nick Clegg a brillamment relevé. A 43 ans, l'outsider de cette campagne, qui prône le « changement » par rapport aux « vieux partis », s'est hissé au rang de concurrent sérieux des deux grands leaders. Les scénarii pour l'élection du Premier ministre Deux scénarii se dégagent pour cette élection : Scénario n°1, les conservateurs de David Cameron, favoris des sondages, décrochent la majorité absolue. Dès vendredi 7 mai, le travailliste Gordon Brown emprunte une dernière fois sa Jaguar blindée de fonction pour remettre sa démission à la Reine, et cède aussitôt la place au 10, Downing Street à son jeune successeur. Lequel s'est dit prêt « à se retrousser immédiatement les manches ». Scénario n°2, aucun parti n'atteint le chiffre fatidique de 326 sièges. « Dans ce cas, le gouvernement sortant demeure en place sauf si, ou jusqu'à ce que, le Premier ministre décide de remettre sa démission au monarque », a cru utile de rappeler le plus haut fonctionnaire du Royaume, secrétaire général du gouvernement, Gus O'Donnell, invoquant les « conventions constitutionnelles ». Ainsi, le Premier ministre - bien que battu - serait prioritaire pour tenter de former « un gouvernement stable », par le biais d'alliance ou au sein d'une coalition. Quitte à s'effacer par la suite. Le libéral-démocrate Nick Clegg, en position de faiseur de roi, a laissé entendre qu'un départ de Brown favoriserait son hypothétique ralliement à une formule de gouvernement « Lib-Lab ». David Miliband, ministre des Affaires étrangères, est prêt à en prendre la tête, avancent déjà nombre d'analystes. Le seul scénario écarté est celui d'une « grande alliance » entre Labour et Tories. Pareil montage, fréquent en Europe, n'a été expérimenté qu'exceptionnellement en Grande-Bretagne, lors des deux guerres mondiales et du krach de 1929. Les résultats définitifs seront connus cet après-midi.