Le pétrole a terminé en baisse vendredi sur le marché new-yorkais, pénalisé par la nervosité des investisseurs et leurs inquiétudes grandissantes sur la qualité de l'endettement des pays de la zone euro. Les cours du pétrole baissaient pour la quatrième séance consécutive vendredi, cumulant près de 10 dollars de pertes sur la semaine, le marché n'ayant pas trouvé de réconfort dans les bons chiffres de l'emploi américain et restant plombé par la crise grecque. Les marchés pétroliers craignent notamment que les difficultés financières de l'Europe ne pèsent sur la croissance des Etats-Unis et de la Chine, principaux consommateurs d'énergie dans le monde. Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait 1,29 dollar par rapport à la clôture de la veille, à 78,55 dollars. A la même heure, le "brut léger texan" (WTI), pour livraison à échéance identique, cédait 1,30 dollar, à 75,81 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Après une courte pause dans la matinée, le pétrole a repris sa chute à l'ouverture du marché new-yorkais, l'anxiété liée à la crise grecque restant très élevée. "Avec plus de 10% de pertes, cette semaine est la pire depuis le début de l'année 2009", souligne Myrto Sokou, analyste de la maison de courtage Sucden. 2009 Les statistiques mensuelles de l'emploi aux Etats-Unis n'ont pas apporté au marché pétrolier le réconfort qu'il pouvait en espérer, bien qu'elles aient révélé un bond énorme des créations d'emplois (290.000 emplois nets en avril, bien plus que prévu). Signe de l'extrême nervosité générale, les Bourses européennes ont clôturé en forte baisse: Paris a perdu 4,6%, Londres 2,62%, et 3,27%. Alors que rien ne semble pour l'instant endiguer les craintes sur la Grèce et que des économistes évoquent même la possibilité d'un "nouveau Lehman Brothers", les experts pétroliers se demandent où la chute de l'or noir s'arrêtera. "Dans un monde qui continue à être tourmenté par de graves problèmes financiers, un retour du pétrole dans la tranche des 50-60 dollars est envisageable", s'inquiète ainsi David Hufton, analyste chez PVM. "Les prix du pétrole devraient rester sous la coupe des marchés financiers", estime lui aussi Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. Selon lui, "la crise de la dette en zone euro offre aux investisseurs l'occasion de mettre en question le niveau de prix du pétrole". La violente dégringolade de cette semaine montre bien que le marché est à la merci des "investisseurs spéculatifs", et que la situation de l'offre et la demande n'offrait pas suffisamment de soutien aux prix, précise l'analyste. Les prix du pétrole ont atteint lundi un plus haut depuis 19 mois, à près de 90 dollars le baril à Londres, alors même que la consommation d'énergie reste stagnante dans les pays développés, et que les stocks sont pléthoriques aux Etats-Unis. L'ascension des prix s'est fondée essentiellement sur les signes de reprise économique, augurant, pour les opérateurs, une plus forte consommation d'énergie. Inversement, la crise de la dette est vue comme une menace pour la reprise économique mondiale. "Avec une amélioration graduelle de l'offre et la demande en vue et sachant que nos prévisions de demande tiennent déjà compte d'une forte contraction de la demande pétrolière cette année, les prix devraient rebondir au-dessus de 80 dollars le baril, une fois que la phase de dégringolade sera passée", prédit néanmoins Costanza Jakasio, analyste chez Barclays Capital.