Les tractations se poursuivent en Grande-Bretagne. "Troisième homme" du scrutin, le chef des libéraux-démocrates Nick Clegg a formellement entamé mardi des négociations avec le Parti travailliste de Gordon Brown en vue de l'éventuelle formation d'un gouvernement de coalition. Il s'est dit "impatient" de mettre fin à l'incertitude politique qui prévaut depuis les élections du 6 mai, sans toutefois préciser s'il comptait annoncer ou non dans la journée une décision. "Les discussions entre les partis politiques sont maintenant dans une phase critique et finale. Je suis aussi impatient que quiconque de résoudre les choses d'une manière ou d'une autre", a-t-il simplement déclaré à la presse, devant sa maison de la banlieue londonienne. Son parti, qui discute à la fois avec les Tories et le Labour, a passé la nuit à examiner toutes les options, a-t-il ajouté. "Nous agirons comme toujours de manière responsable (...) pour créer le gouvernement stable que le peuple britannique mérite", selon M. Clegg. Lundi, aucun accord n'a été conclu entre les libéraux-démocrates et les conservateurs, arrivés en tête du scrutin mais sans obtenir la majorité de 326 sièges qui leur aurait permis de former directement un gouvernement. Les libéraux-démocrates ont demandé aux conservateurs des précisions sur la fiscalité et la réforme électorale -principal point d'achoppement entre les deux formations. Un responsable du Labour a pour sa part estimé que son parti était revenu dans le jeu, bien que, même avec les Lib Dems, il lui faudrait encore l'appoint de petits partis nationalistes pour disposer de la majorité absolue, et il a reconnu que le verdict final de Clegg serait extrêmement délicat. Lundi, cinq jours après les élections remportées par des conservateurs eux aussi en-deçà de la majorité, Brown a compliqué l'équation politique en annonçant qu'il était prêt à quitter cette année la direction du Labour pour aider sa formation à négocier un accord avec les libéraux-démocrates. Des pourparlers officiels ont débuté aussitôt entre le Labour et le parti de Nick Clegg, qui discutait ouvertement depuis plusieurs jours avec les conservateurs. Le libéral-démocrate Simon Hugues a souhaité mardi qu'un accord soit conclu dans la journée. "Nous sommes décidés à faire en sorte que ce processus s'achève très bientôt. Si c'est possible aujourd'hui, qu'il en soit ainsi, en tout cas ce sera très bientôt. Nous aimerions le faire aujourd'hui", a-t-il déclaré sur Sky News. La veille, en milieu de journée, conservateurs et libéraux-démocrates avaient fait état de progrès dans leurs tractations. Mais aucune des deux formations n'a fourni de précisions et des hésitations sont apparues dans les rangs des Lib Dems, que Gordon Brown n'a pas tardé à exploiter par sa déclaration solennelle. Le retrait du Premier ministre "pourrait constituer un élément important pour une transition en douceur vers un gouvernement stable", a commenté Clegg. Les Tories ont rapidement répliqué à la déclaration de Brown en proposant la tenue d'un référendum sur une réforme limitée du système électoral. "C'est notre dernière offre en la matière. Mais je suis tout à fait disposé à discuter avec les libéraux-démocrates de la meilleure façon de créer un gouvernement fort et stable et de nous attaquer à cet énorme problème économique", a indiqué George Osborne, coordonateur de la campagne des Tories, au micro de la BBC. Le mode de scrutin uninominal à un tour en vigueur en Grande-Bretagne favorise le bipartisme et lamine les petites formations. Avec 23% des suffrages exprimés jeudi, les libéraux démocrates n'ont obtenu que 57 sièges à la chambre des Communes, soit moins de 10% de la représentation nationale. Ils subordonnent tout accord de gouvernement à l'introduction d'une dose de proportionnelle qui leur assurerait à l'avenir une meilleure représentation à Westminster. "A mon sens, la proposition que nous mettons sur la table fournit aux libéraux démocrates une occasion de montrer qu'au sein d'un gouvernement ils pourront nous aider à modeler un programme authentiquement progressiste", commentait dans la soirée Michael Gove, porte-parole des Tories pour les questions d'éducation. Les marchés espéraient un accord rapide entre Tories et Lib Dems et la perspective de nouveaux retards provoqués par l'ouverture de discussions entre les centristes et les travaillistes ne devrait guère les enchanter. Le nouveau Parlement doit être inauguré le 18 mai et le nouveau gouvernement présenter son programme le 25 mai.