La défaite par un petit écart des travaillistes aux élections législatives a rendu la formation d'un nouveau gouvernement difficile en Grande-Bretagne, car les alliances sont faciles à réaliser pour les uns et pour les autres. Le parti conservateur de David Cameron a remporté les élections législatives au Royaume-Uni pour la première fois depuis 1992, mais faute de majorité absolue, il n'est pas assuré de prendre le pouvoir, lequel pourrait rester entre les mains des travaillistes de Gordon Brown à travers une coalition, même si c'est le pire score du Labour en termes de suffrages depuis 1983. Selon les résultats officiels publiés dans 621 des 650 circonscriptions, le parti conservateur comptait 291 députés, soit 36% des suffrages, devant le parti travailliste et ses 251 députés, soit 29,3%, et les Lib Dems qui ont décroché 52 députés, 22,9%. Ceci étant, Nick Clegg, le chef du parti libéral-démocrate, arrivé en troisième position, a déclaré que les conservateurs, qui ont recueilli le plus de voix aux législatives britanniques de jeudi, ont la priorité pour tenter de former un nouveau gouvernement. “J'avais dit que le parti, quel qu'il soit, recueillant le plus de voix et de sièges, même s'il n'obtenait pas la majorité absolue, avait la priorité pour tenter de gouverner, soit seul, soit en s'alliant avec d'autres partis, et je garde cette position”, a-t-il rappelé, hier, devant les médias au quartier général de son parti à Londres. Il a également ajouté : “Je pense qu'il revient maintenant au parti conservateur de prouver qu'il est capable de tenter de gouverner dans l'intérêt général.” Il est clair que ces déclarations de Nick Clegg vont à l'encontre des intentions des travaillistes de Gordon Brown qui pourraient essayer de rester au pouvoir par le biais d'une coalition. En effet, les travaillistes ont clairement fait savoir qu'ils avaient l'intention de tenter de se maintenir au pouvoir, de préférence par le biais d'une coalition avec les libéraux-démocrates. Cette perspective a immédiatement déclenché l'ire chef de file, des conservateurs, David Cameron, qui a affirmé : “Le gouvernement Labour n'a plus l'autorité pour gouverner notre pays.” Ainsi, l'absence de majorité absolue aboutit au premier parlement “suspendu” depuis 1974 et devrait déboucher sur des tractations longues et ardues avec les libéraux-démocrates. “La nuit a de toute évidence été décevante pour les libéraux-démocrates. Nous n'avons tout simplement pas accompli ce que nous espérions”, a déclaré Nick Clegg dans sa circonscription de Sheffield où il a été réélu. “Je ne pense pas que quiconque devrait se précipiter à faire des déclarations ou à prendre des décisions qui ne résisteront pas au test du temps”, a-t-il ajouté, en réponse aux questions sur les perspectives d'un gouvernement de coalition. Cet avertissement, a-t-il dit “s'adresse à tous les partis”. Pour rappel, Clegg avait suggéré pendant la campagne qu'il pourrait accepter de travailler avec le Labour, mais aurait du mal à collaborer avec Gordon Brown. Plusieurs ministres travaillistes ont rapidement laissé entendre au fil du dépouillement qu'ils étaient prêts à discuter avec les Lib Dems. “Evidemment, nous serions prêts à considérer cela”, a indiqué Peter Mandelson, le numéro deux du gouvernement. Gordon Brown a lancé les négociations hier en demandant au plus haut responsable de l'administration gouvernementale d'assister les partis engagés dans les pourparlers, dans cette situation mal définie et assez rare en Grande-Bretagne. Le Premier ministre avait clairement indiqué la veille qu'il n'avait pas l'intention de démissionner immédiatement, en affirmant : “Il est de mon devoir en tant que Premier ministre de prendre toutes les mesures pour m'assurer que la Grande-Bretagne a un gouvernement fort, stable et moral.” Les conventions, en l'absence de Constitution écrite, veulent que le Premier ministre sortant, en l'occurrence Gordon Brown, tente en premier de former un gouvernement, sauf s'il estime ne pas pouvoir y parvenir et démissionne