Après cinq jours de tractations, l'accord créant la première coalition depuis la Seconde Guerre mondiale a été définitivement approuvé dans la nuit de mardi par le groupe parlementaire et l'organe exécutif des Lib Dems. Le conservateur David Cameron est devenu, mardi soir, à 43 ans, le plus jeune Premier ministre britannique en 200 ans, en succédant au travailliste Gordon Brown, et a pris la tête d'une coalition avec les libéraux-démocrates qui met fin à 13 ans de règne du Labour. «Je vise la formation d'une vraie coalition entre les conservateurs et les libéraux-démocrates», a annoncé dès sa nomination le chef des Tories, en s'exprimant pour la première fois devant la porte noire du 10, Downing Street, le bureau londonien du Premier ministre. Après cinq jours de tractations, l'accord créant la première coalition depuis la Seconde Guerre mondiale a été définitivement approuvé dans la nuit par le groupe parlementaire et l'organe exécutif des Lib Dems. Cinq portefeuilles ministériels leur ont été réservés dans le nouveau gouvernement, dont celui de vice-Premier ministre qui revient à Nick Clegg, chef du parti de centre gauche, âgé lui aussi de 43 ans. Annonçant des «décisions difficiles» conformément à son programme électoral d'austérité, M.Came-ron a cependant promis de ne pas oublier «les personnes âgées, fragiles et les plus pauvres de notre pays», dans des accents marqués du «conservatisme compatissant» dont il est le chantre. Dans l'après-midi, il était apparu en direct sur les télévisions du pays, franchissant dans sa Jaguar blindée gris métallisé les lourdes grilles du palais de Buckingham. Accompagné de son épouse Samantha enceinte, vêtue d'une robe bleu nuit, il avait sollicité d'Elizabeth II l'autorisation de former le prochain gouvernement. Le Premier ministre sortant avait fait le même trajet un peu avant, pour remettre sa démission à la souveraine, juste après avoir annoncé son départ, très ému, sur le perron de Downing Street. Il a quitté pour la dernière fois le siège du pouvoir, se tenant par la main avec ses deux fils et son épouse Sarah. Quelques noms de membres du gouvernement ont été dévoilés en soirée. Les conservateurs William Hague, un eurosceptique de 49 ans, et George Osborne, 38 ans, sont nommés respectivement aux Affaires étrangères et aux Finances, ont confirmé les Tories. Selon des sources proches des deux partis, l'accord prévoit, notamment que soient instituées des législatures fixes de cinq ans et que la réduction du déficit public soit «au coeur» du programme du nouveau gouvernement. Les Tories et les Lib Dems se sont accordés sur les points les plus litigieux, mais les détails de leur plate-forme commune devront faire l'objet de nouvelles discussions dans les jours à venir, selon les mêmes sources. Nick Clegg a salué l'avènement d'un «nouveau type de gouvernement», et dit espérer que cela serait le début d'une nouvelle façon de faire de la politique, «diverse, plurielle», dans laquelle des hommes politiques de tous horizons «surmontent leurs différences» pour le bien commun. Le président des Etats-Unis Barack Obama, a appelé David Cameron pour le «féliciter» et l'inviter en juillet, a annoncé Downing Street. La chancelière allemande Angela Merkel l'a également félicité, comme le président français Nicolas Sarkozy qui a espéré «travailler au renforcement de la coopération très étroite» avec le Royaume-Uni. L'entrée des conservateurs et libéraux-démocrates à Downing Street met fin à 13 ans de gouvernements travaillistes, dont près de trois sous Gordon Brown, qui avait succédé à Tony Blair en juin 2007 sans passer par les urnes. Le pari pris par les Lib Dems, en s'associant aux Tories, est toutefois dangereux pour eux, selon Tony Travers, politologue à la London school of Economics. «Le risque, c'est qu'ils seront tenus responsables des décisions impopulaires prises par un gouvernement conservateur et cela leur sera beaucoup plus préjudiciable qu'aux conservateurs», estime-t-il. Arrivés en troisième position aux législatives du 6 mai, les Lib Dems étaient courtisés à la fois par les Tories, victorieux du scrutin mais sans réussir à dégager une majorité absolue, et les travaillistes, deuxièmes. L'alliance entre conservateurs et libéraux rassemble 363 sièges, soit plus que les 326 nécessaires pour la majorité absolue. Une alliance Labour et Lib-Dems n'aurait rassemblé que 315 sièges.