La chasse aux spéculateurs et aux transactions financières douteuses est ouverte aux Etats-Unis. Après Goldman Sachs, c'est Morgan Stanley (MS) qui fait l'objet d'une enquête fédérale visant à déterminer si la banque a trompé ses investisseurs concernant des transactions sur dérivés hypothécaires de type CDO, qu'elle a contribué à concevoir et sur la chute desquels elle a parfois parié, ont indiqué des sources proches du dossier. L'enquête vise notamment à établir si Morgan Stanley avait communiqué le double rôle qu'elle jouait. Parmi les opérations examinées figurent deux transactions portant les noms d'anciens présidents des Etats-Unis, James Buchanan et Andrew Jackson, a précisé une source. Morgan Stanley a participé à la conception de ces instruments tout en pariant sur leur chute, mais sans les commercialiser auprès de ses clients. le Wall Street Journal rapporte les propos d'un porte-parole de Morgan Stanley, déclarant ne pas avoir été contacté par le ministère de la Justice au sujet des transactions mentionnées par le Wall Street Journal, et ne pas avoir connaissance d'une enquête à ce sujet. Le Wall Street Journal maintient toutefois que le FBI ausculte les positions contradictoires de la banque américaine avec les placements de ses clients. Autrement dit, les banques ont mis elles-mêmes en place des produits financiers très complexes, permettant de jouer une position contre l'autre. De fait, Morgan Stanley est suspectée d'avoir parié sur l'effondrement de l'immobilier quand certains de ses clients y faisaient des placements et ce, sans informer qui que ce soit de la contradiction de ses positions. Cette nouvelle intervention confirme un peu plus le contrôle que tente de mettre en place Washington sur Wall Street, et quelques jours après l'ouverture d'enquêtes fondées sur des soupçons de pratiques similaires chez Goldman Sachs. Pour le moment, l'enquête n'en est qu'à un stade préliminaire. Il s'agit en fait d'un énorme défi pour les procureurs et la justice qui doit arriver à prouver que la banque Morgan Stanley a trompé sciemment les investisseurs. De nombreuses enquêtes ont été menées sans qu'aucune charge puisse être retenue, mais elles pourraient alimenter le débat à Washington sur un meilleur encadrement du marché financier.