Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a estimé que les marchés se trouvaient dans "la situation la plus difficile depuis la Seconde Guerre mondiale", dans un entretien à paraître lundi dans l'hebdomadaire Spiegel. Les marchés se trouvent "sans aucun doute dans la situation la plus difficile depuis la deuxième guerre mondiale, voire depuis la première", juge M. Trichet. "Nous avons vécu et vivons des temps véritablement dramatiques", poursuit-il, estimant qu'en fin de semaine passée, lors de la vague de panique sur les bourses européennes, "les marchés ne fonctionnaient plus, c'était presque comme au moment de la faillite de Lehmann Brothers en septembre 2008". L'euro, qui a de nouveau chuté vendredi face au billet vert, n'est pas menacé, estime le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet dans une interview au magazine allemand Der Spiegel. Il a par ailleurs qualifié de "non-sens" les allégations selon lesquelles certaines propositions de gouvernements de la zone euro avaient contraint la BCE à prendre des dispositions face à la crise de l'euro. L'euro est tombé vendredi à un nouveau plus bas de 18 mois face au billet vert. La monnaie unique a enfoncé à la baisse deux seuils successifs, 1,25 dollar puis 1,24 dollar pour toucher un plus bas de séance à 1,2358 dollar sur la plate-forme de transactions électroniques. Une croissance de 0,2 % : voilà la bien médiocre performance que la zone euro a enregistrée au premier trimestre de l'année. Paradoxalement, c'est la crise grecque, ou plutôt ses conséquences sur l'euro, qui a sauvé la région d'un nouveau déclin économique, après une contraction du PIB de plus de 4 % en 2009. Dopées par la baisse de la monnaie unique, les exportations ont permis de compenser le recul de la consommation, affectée par la détérioration du marché de l'emploi. L'économie allemande a gagné 0,2 %, grâce au commerce extérieur et à l'investissement des entreprises, tandis que la croissance française de 0,1 % a été uniquement le fait des exportations. C'est dans ce climat d'asthénie générale que se mettent en place actuellement les plans d'austérité massifs censés rassurer les marchés sur le retour à la normale des finances publiques, après la défiance généralisée issue de la crise grecque. Même le gouvernement français, jusqu'ici peu enclin à doucher la reprise économique avec une politique de rigueur, a annoncé la semaine dernière le gel des dépenses publiques en valeur pendant trois ans. Cette précipitation du resserrement des politiques budgétaires va encore peser sur la croissance, ces prochains mois.