Les ministres européens ont affiché leurs divergences, hier, sur les négociations commerciales avec le Mercosur. Après six ans d'interruption, les discussions entre dirigeants de l'UE et des pays de l'organisation économique sud-américaine (Mercosur) doivent être officiellement relancées, hier, lors d'un sommet à Madrid. Problème, la reprise de ces négociations est critiquée par une dizaine de pays, dont la France. Particulièrement remonté, le ministre français, Bruno Le Maire, a rappelé que la France était "opposée à la reprise des négociations qui se traduiront nécessairement par de nouvelles concessions au détriment des agriculteurs français et européens". "Je ne vois pas pourquoi l'agriculture serait toujours la variable d'ajustement des négociations commerciales en Europe", a-t-il déploré à son arrivée à une réunion avec ses homologues européens. "Ce n'est pas raisonnable", a insisté M. Le Maire, "alors même que ces agriculteurs traversent une des crises les plus graves qu'ils aient eu à connaître au cours des 30 dernières années". Une dizaine de pays menés par la France ont signé un texte qui critique la reprise des négociations commerciales avec l'organisation économique sud-américaine, entamées en 1999 et suspendues en 2004. Parmi les signataires figurent notamment la Pologne et l'Autriche. La ministre espagnole, Elena Espinosa, dont le pays préside l'UE, a au contraire défendu la reprise de ces négociations "très importantes". Et la Néerlandaise, Gerda Verburg, a estimé que "discuter et négocier n'est jamais mauvais, à condition que l'on s'en tienne aux positions" arrêtées entre Européens. La ministre allemande, Ilse Aigner, qui ne s'est pas non plus associée à la démarche française, a, elle, insisté sur la nécessité de négocier "de façon équilibrée". C'est la Commission européenne qui a mandat de conduire les négociations, et a fait récemment savoir son intention de les relancer. Le commissaire à l'Agriculture, Dacian Ciolos, a défendu le choix de l'exécutif européen, qui correspond à "l'intérêt économique de l'UE". "Je vais être très attentif à la manière dont les négociations sur l'agriculture vont être conduites", a assuré M. Ciolos. Elles devraient officiellement reprendre lors d'un sommet, hier, à Madrid entre l'UE et les dirigeants des pays du Mercosur.