Des océans vidés de leurs poissons ? Depuis vingt ans, le biologiste français Daniel Pauly prédit que c'est l'avenir qui nous attend si le monde ne met pas fin à la surpêche en subventionnant des bateaux qui pillent les ressources marines. Selon des experts de l'ONU, toutes les espèces de poissons pourraient disparaitre d'ici 2050. Mais cette catastrophe peut encore être évitée. Plonger dans les eaux turquoises pour admirer les merveilles des fonds marins ou déguster votre saumon préféré à Noël, ce sera peut-être bientôt de l'histoire ancienne. Des experts de l'ONU estiment que toutes les espèces de poissons pourraient avoir disparu des océans d'ici à 2050. "Si les différentes estimations que nous avons reçues se réalisent, alors nous sommes dans une situation où effectivement, dans 40 ans, nous n'aurons plus de poisson", a déclaré à New York Pavan Sukhdev, directeur de l'Initiative pour une économie verte du Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Il n'y a cependant pas (encore) de fatalité, et la catastrophe peut (encore) être évitée. La solution: d'abord, tailler dans les subventions aux flottes de pêche toujours plus grosses pour des prises toujours plus maigres. Celles-ci ne laissent en effet pas le temps aux ressources de se reconstituer et leurs capacités de pêche sont "50 à 60%" supérieures à ce qu'elles devraient être. Les experts de l'ONU conseillent donc de revoir la taille des flottes de pêche pour favoriser des bateaux plus petits. Ensuite, leur rapport sur l'économie verte préconise de mettre en place des zones protégées pour les poissons permettant aux poissons femelles d'atteindre la taille adulte, augmentant ainsi sensiblement leur fertilité, ce qui à terme pourrait aboutir à une industrie de la pêche florissante. Le monde "épuise le capital dont il a besoin, estiment ces experts. Cependant, nos institutions, nos gouvernements sont parfaitement capables de changer de voie", a souligné le directeur du Pnue, Achim Steiner. La chute des réserves de poissons de la planète est un problème écologique mais aussi une question de subsistance pour un milliard de personnes, souvent originaires de pays en développement et dont le poisson constitue la seule source de protéines, selon l'ONU. Le rapport sur l'économie verte estime que 35 millions de personnes vivent de la pêche dans le monde, que 170 millions d'emplois en dépendent de manière directe ou indirecte et qu'en tout 520 millions de personnes y sont financièrement liées. Selon l'ONU, 30% des réserves halieutiques ont déjà disparu et l'ensemble des activités de pêche risque de ne plus être rentable d'ici 2050.