Selon Pauline Verjut, assistante de recherche à l'IRIS, la problématique forestière connaît un regain d'intérêt. La communauté internationale commence à prendre conscience de l'importance de l'enjeu que représente la préservation des forêts. Elle estime que la déforestation a de lourdes conséquences sur le climat et devrait de fait constituer un des premiers leviers d'action de la communauté internationale dans sa lutte contre le réchauffement climatique. La déforestation, en augmentation notamment du fait de la production agricole alimentaire, des biocarburants, de l'élevage, du bois de chauffe, de la culture sur brûlis, représente actuellement entre 17 et 20 % des émissions mondiales de carbone. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que chaque année, 13 millions d'hectares de forêts tropicales disparaissent. Or, les forêts sont de véritables puits de carbone. Constitué à 50 % de carbone, le bois en absorbe par le principe de la photosynthèse tout au long de sa période de maturité. Ainsi la forêt constitue un piège naturel du CO2, d'où les émissions de gaz à effet de serre (GES) relâché dans l'atmosphère lors de la destruction des forêts. Malgré un recul durant la décennie 2000-2010, " la déforestation mondiale se poursuit à un rythme alarmant dans de nombreux pays " . Globalement dans les pays industrialisés, le couvert forestier a augmenté alors que dans les pays en développement (PED) la déforestation se poursuit. Ce sont les continents africain et sud-américain qui ont subi les pertes annuelles nettes de forêts les plus importantes sur la dernière décennie . selon le chercheur, il est impératif pour les grands bassins forestiers au monde (Afrique, Amérique latine et Asie) de préserver leurs forêts. Pour ce faire, il existe le mécanisme REDD. Créé en 2007, il est le plus avancé des outils de lutte contre la déforestation. A destination des PED, ce mécanisme onusien a pour objectif de rendre la conservation et la protection des forêts plus " rentable " que la poursuite de leur dégradation, et ce par le biais d'une incitation financière. En effet, le REDD offre une rémunération (sous forme d'aide publique internationale ou de crédit carbone) aux pays qui réduisent leurs émissions issues de la destruction et de la dégradation de leurs forêts. Il était initialement prévu une réduction de la déforestation d'un quart d'ici 2015, de la moitié d'ici 2020 et une éradication totale en 2030, mais cet objectif a dû être revu à la baisse lors de la COP15 faute d'engagements de financement à ces échéances. REDD a été complété et transformé en REDD + lors de la quinzième Conférence des Parties. Institué dans l'Accord de Copenhague, REDD + est un grand pas en avant. Au-delà de l'action sur les émissions dues à la déforestation, REDD + a pour objectif de favoriser la conservation, la gestion durable des forêts et la conservation des stocks de carbone forestier dans les PED. Il se compose de deux étapes complémentaires. La première consolide les stratégies nationales afin de lutter contre les causes structurelles (production agricole, croissance démographique, etc.) et institutionnelles de la déforestation (corruption, absence de droits fonciers, etc.). La deuxième phase est la phase opérationnelle où le mécanisme incitatif et rémunérateur est mis en place pour les pays bénéficiaires. C'est cette phase qui doit être mise en place pour la période post-2012, soit dans moins de deux ans .