Les ministres des Finances européens se sont efforcés de montrer vendredi à Bruxelles que l'heure était à l'apaisement, après une semaine au cours de laquelle ils ont de nouveau semblé tirer à hue et à dia. Ils étaient réunis sous la houlette du président du Conseil européen pour réfléchir à un renforcement de la gouvernance économique et de la discipline budgétaire au sein de l'Union. Selon Herman Van Rompuy et Christine Lagarde, ils se sont accordés sur la nécessité d'établir des règles budgétaires plus rigoureuses et de travailler sur la réduction des écarts de compétitivité entre les états membres de l'UE, afin d'arriver à "une meilleure convergence des politiques économiques". La réponse a également été "globalement positive" à la question de savoir s'il fallait renforcer la gouvernance économique et mettre en place un mécanisme de résolution et de gestion des crises, a également dit la ministre française des Finances. "Donc, on a quatre têtes de chapitres sur lesquelles on est d'accord en principe pour avancer", a-t-elle souligné lors d'une brève conférence de presse. "Maintenant, il va falloir, dans le détail, voir quelle forme ça prend, comment on peut activer les sanctions, comment on peut améliorer la prévention, comment on construit une gouvernance économique." Elle a précisé que "l'ensemble des participants" s'étaient ralliés à sa proposition de se concentrer sur les mesures de court terme - des mesures pouvant être juridiquement mises en place rapidement ou objet d'un consensus général. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, l'avait mentionné auparavant lors d'une brève conférence de presse commune avec Christine Lagarde, dans une démonstration de toute évidence délibérée d'entente cordiale. "Nous sommes tous tombés d'accord sur une proposition de Mme Lagarde de nous concentrer sur des mesures pouvant être prises dans le cadre des traités tels qu'ils sont", a-t-il déclaré. S'il n'a pas exclu la nécessité d'envisager à plus long terme d'amender les traités européens, Wolfgang Schaüble a paru nettement moins radical que dans ses précédentes déclarations. "J'ai senti un sentiment d'urgence et un esprit de coopération parmi les membres", a déclaré Herman Van Rompuy lors d'une conférence de presse. "Tout le monde est d'accord pour avancer ensemble à 27." Il a notamment fait état d'un "large consensus" pour renforcer les sanctions, "financières et non financières", en cas de non respect des règles budgétaires communautaires. La réunion de vendredi avait essentiellement pour objectif de permettre aux 27 délégations d'exposer leurs propositions. La Commission européenne, membre à part entière de la "task force", a pour sa part formulé les siennes le 12 mai, dont celle d'un droit de regard sur les politiques budgétaires des Etats membres. Notons par ailleurs que les dirigeants de la Banque centrale européenne ont volé au secours de l'euro vendredi en réaffirmant sa solidité, après une semaine difficile sur le marché des changes pour la monnaie unique. Son président Jean-Claude Trichet a assuré que l'euro n'était pas en danger et restait une devise "crédible", ce qui a provoqué un bond de la monnaie européenne face au dollar. "Soyons clairs, ce n'est pas l'euro qui est en danger mais ce sont les politiques budgétaires de certains pays qui doivent être examinées, comme c'est le cas en ce moment", a-t-il dit dans un entretien au journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung réalisé mercredi, le jour où la monnaie unique a touché un plus bas de quatre ans face au dollar à 1,2143 dollar.