Surprenant palmarès du 63ème festival de Cannes ! Triomphe pour les français qui sont repartis avec le gros des trophées, pas moins de trois prix dont le Grand Prix pour "Des hommes et des dieux", de Xavier Beauvois,le même que celui qu'il a raflé en 95 pour " N'oublie pas que tu vas mourir", le prix de la mise en scène pour "Tournée" de Mathieu Amalric et par un Prix d'interprétation féminine décerné à Juliette Binoche pour sa performance dans "Copie conforme" du cinéaste iranien Abbas Kiarostami. Celui qui aurait créé la surprise en chamboulant tous les pronostics est un Thailandais Apitchatpong Weerasetakhul qui a raflé la Palme d'or du 63e Festival de Cannes pour " Oncle Boonmee " celui qui se souvient des vies antérieures, au cadrage et au rythme très lents, reste un fiction hermétique, comme c'était relativement déjà le cas pour son précédent long métrage, Tropical Malady, Prix du jury en 2004. L'Afrique qui était absente depuis 13 années, n'est pas repartie les mains vides mais au contraire a effectué un grand retour gagnant cette année avec " Un homme qui crie ", du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, qui décroche le Prix du jury. " Je viens d'un pays où il n'existe pas grand-chose. Dans ce désert, il faut faire les films comme on prépare les petits plats mijotés", a-t-il dit en recevant son prix. Et d'ajouter : " Permettez-moi d'avoir une pensée pour mon pays, le Tchad. J'embrasse ma mère ". Grosse déception pour Rachid Bouchareb dont le film à controverse "Hors la loi " n'a rien obtenu malgré les pronostics de la presse internationale qui lui étaient très favorables. Une simple lecture du palmarès renseigne que le jury présidé par le cinéaste américain Tim Burton a choisi de récompenser un français Xavier Beauvois, qui parle des massacres des moines de Tibhirine par les terroristes en 96, au lieu de distinguer l'oeuvre d'un algérien qui parle des massacres Algérien par les français pendant la guerre d'Algérie. La plus grosse surprise de cette édition est comme tout le monde le constate, la distinction suprême qui est allée à Apitchatpong Weerasethakul qui avait déjà obtenu le Prix du Jury en 2004 pour "Tropical Malady". Dans le film de ce jeune thailandais de 39 ans, il est question d'un oncle qui souffre d'insuffisance rénale et qui décide de finir ses jours à la campagne auprès des siens. Les fantômes de son épouse décédée et de son fils disparu lui apparaissent pour une expérience édifiante. Il décide de se rendre dans une grotte avec ses proches. Cette grotte fut le lieu de naissance de sa première vie. Deux acteurs se partagent le Prix d'interprétation masculine, l'Espagnol Javier Bardem, pour "Biutiful", du cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, et l'Italien Elio Germano, pour "La Nostra Vita", de Daniele Luccheti. Enfin, la Corée du Sud, qui avait deux films en compétition, quittera Cannes avec le Prix du Scénario décerné à "Poetry", du cinéaste Lee Chang-dong. Même si le cinéaste algérien Rachid Bouchareb revient bredouille et comme il l'a avoué lui-même dans un entretien accordé à un journal local, " l'essentiel c'est que mon film a été sélectionné et qu'une participation à Cannes est en soi très favorable à la crédibilité d'une oeuvre". Il faut rappeler que la sortie internationale de " Hors la loi " est prévue pour le 22 septembre prochain, il serait possible selon les dires de Djamel Debbouz, l'un des personnages principaux du film, qu'il soit présent à Alger lors de l'avant-première.