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Face à la crise mondiale, l'inflation solution à l'endettement croissant des Etats ?
Publié dans Le Maghreb le 26 - 05 - 2010

Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en sciences économiques
Dans une intéressante contribution au journal financier les Echos en date du 07 mai 2010 Mathieu Delouvrier président de Swensee sous le titre " les chiffres nous trompent sur l'endettement des Etats " je le cite : " l'information est souvent incomplète et peu fiable alors que l'Etat est chargé de tenir ses propres opérations et de tenir à jour les comptes de la nation, identifier ses ressources afin de mobiliser pour rembourser sa dette. Il s'agit principalement des impôts et taxes, excluant les revenus du secteur privé, qui sont déjà taxés, mais aussi ceux des collectivités locales ou des organismes de sécurité sociale.
Ainsi, au 31 décembre 2009, l'encours de la dette de l'Etat par rapport aux recettes budgétaires s'élevait par exemple à 674 % pour les Etats-Unis (54 % du PIB), 535 % pour la France (76 % du PIB) ou 452 % pour la Grèce (113 % du PIB).
Dans la présentation budgétaire, les nouveaux emprunts sont la plupart du temps présentés en net, c'est-à-dire après déduction des remboursements.
Cela occulte les ordres de grandeur des montants bruts. Par exemple, l'Etat américain a émis en 2009 un montant de bons du Trésor équivalant à 60 % du PIB (10 % en net) mais aussi à environ 7,5 fois les recettes budgétaires de l'année.
Par voie de conséquence précise l'auteur " le service de la dette, comprenant le remboursement du principal et le paiement des intérêts, représentait en 2009 les trois quarts des recettes budgétaires de l'Etat grec (20 % pour les intérêts seuls) et plus de deux fois celles des Etats-Unis (34 % pour les intérêts seuls) ". Cette analyse de l'opacité de l'information relative à la dette est argumentée pour les USA, dans une étude fouillée de Onubre Einz dans http://criseusa.blog.lemonde.fr/2010/05/01/ je le cite " les Usa-sont insolvables ? ", les chiffres concernant la dette souveraine américaine ont une particularité, leurs citations s'accompagnent souvent des plus grandes confusions. La dette fédérale souveraine des USA était de 12.311 milliards de dollars (Md de $) au 31-12-2009, soit 86 % du PIB , la dette de marché constituée de titres négociables et non-négociables étant de 7.811 Md de $, soit 54% du PIB. C'est souvent elle qui est utilisée pour calculer le poids dépenses publiques en % de PIB, alors que la part de la dette couverte par les excédents des fonds sociaux (Funds et Trust funds américaines) était de 4.500 Md de $ soit 31 % du PIB. Mal connue, cette partie de la dette souveraine étant souvent occultée, il s'ensuit que la dette des administrations étatiques et locales " (state and local governments) est de 2362 Md de $, soit 16 % et devrait être intégrée à la dette souveraine des USA car elle est un élément de l'endettement public du pays ". Et pour cet auteur de conclure : le chiffre de l'endettement public est donc de 14.673 soit 103 % du PIB.
D'autres sources avancent pour éviter cette confusion que face à une dette extérieure grecque de 300 milliards d'euros, mais inclus la dette interne des industries et des institutions publiques envers les banques privées de l´ordre de 200 milliards €, celle des ménages de 400 milliards €, nous aurons 900 milliards d'euros soit plus de 1100 milliards de dollars au cours du 12 mai 2010 alors que le produit intérieur brut n'est que de 290 milliards de dollars. Par ailleurs il faut comparer le comparable pour calculer l'efficacité de la dépense publique.
Ainsi, en 2009 la France a 5millions de fonctionnaires pour 64 millions d'habitants, contre en Allemagne 3 millions de fonctionnaires pour 83 millions d'habitants. Mais attention à ce que l'on met dans la rubrique fonctionnaire du point de vue statistique : exemple en Suède sont considérés comme fonctionnaires seulement l'Armée, la police, la justice et un infime segment des services publics , tout le reste étant externalisé, donnant la priorité à la flexibilité de l'emploi , avec une exigence la qualité du service public du fait que le citoyen considère que le fonctionnaire est rémunéré grâce à ses impôts à la différence du modèle français où un fonctionnaire est supposé garder son emploi à vie.
Le débat porte donc surtout sur la rationalisation de certains segments, la majorité des experts considérant qu'il ya lieu de concilier l'efficacité et l'équité fiscale, d'où l'urgence d'un large débat évitant une rationalisation aveugle, les segments de l'éducation et la santé - contenus dans le calcul de l'indice du développement humain- étant considérés comme un investissement productif à moyen et long terme.
Il existe dans ce cadre une tendance à ce que la dépense publique durant une période donnée soit clairement inscrite dans les textes législatifs pour plus de transparence, contrairement au cas de l'Algérie et bon nombre de pays du tiers monde où les députés votent une loi de finances mais ne suivent pas l'efficacité de la dépense du gouvernement, ce qui traduit une faiblesse de la gouvernance. Toujours en termes de comparaison concernant la dépense publique selon que l'on externalise, comme aux USA où l'épargne des ménages est relativement faible (dominance des assurances privées et retraites par capitalisation à travers les fonds de pension ) ou les internalise comme en France ( dominance du système de répartition) où l'épargne des ménages est relativement élevée donnant en termes de comparaison absolu des données presque similaires pour les transferts sociaux.
3- Amplification de la crise mondiale par l'endettement public des Etats
Le G7 au 31 décembre 2009, totalise 30.000 milliards de dollars de dette publique depuis la crise et seulement pour les USA, pour l'exercice 2010, le gouvernement américain a présenté un budget de 3 552 milliards de dollars reposant sur un déficit record de 1 750 milliards de dollars en 2009 (12,3 % du PIB, cinq fois le budget annuel de la France).
Au déficit budgétaire de 2009, s'ajouteront les déficits de 2010 et 2011, chacun autour de 1000 milliards de dollars. Des déficits qui commencent à inquiéter les marchés, des marchés nerveux, inquiets de la situation excessive de l'endettement public de certains pays. La récente crise mondiale d'octobre 2008 dont les ondes de chocs se font toujours sentir, la semi faillite récente d'Abou Dhabi, et de la crise grecque qui risque de s'étendre à d 'autres pays européens plus fragiles comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie et en cas d'une non maitrise de la dépense publique à une hyperinflation mondiale. Selon les statistiques données par le journal " Frankfurter Allgemeine début mai 2010, le ratio actifs / retraités est en forte baisse dans les pays industrialisés et si rien n'est fait,( supposant le retour à une croissance solide), au Japon, la dette publique représentera 300% du PIB en 2020, 200% au Royaume Uni, 150% en France, Belgique, Irlande, Grèce, Italie, et pour les Etats-Unis, atteindrait 500% du PIB en 2040. A court terme, pour l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans son rapport de mars 2010, les trente pays les plus avancés du globe verront leur dette grimper jusqu'à 100 % de leur richesse produite en 2010, signalant le quasi-doublement de leur endettement en vingt ans, passant d'une crise des banques à une crise de l'endettement des Etats.


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