L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ne semble pas inquiète de la baisse des cours de pétrole qui sont tombés à64 dollars, lundi dernier. Optimiste, elle n'entend pas organiser une conférence extraordinaire. Le ministre koweitien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah, dont le pays est le quatrième producteur de l'Opep avec 2,2 millions de barils par jour, avait, dans une déclaration récente, avancé que l'organisation «n'envisageait pas» pour le moment de tenir une réunion extraordinaire. «Nous allons uniquement appeler à plus de respect» des quotas de production, a-t-il dit. Tout en estimant que des incertitudes pèsent sur la reprise économique, plus particulièrement aux Etats-Unis et dans toute une partie de l'Europe où certains pays, dont la France, pourraient accuser une baisse de leur consommation de brut, l'Opep s'attend à une «légère hausse» de la consommation d'or noir en 2010 dans le monde, par rapport à ce qu'elle avait prévu un mois auparavant, grâce à des améliorations timides quant à la conjoncture économique. La demande mondiale de brut, qui s'élève à 85,38 millions de barils par jour, devrait accuser un surcroît de 950 000 barils (et non plus 900 000 comme envisagé initialement). Survenu le 11 mai, ce relèvement très modéré des prévisions de la demande mondiale s'explique par les incertitudes économiques mondiales qu'entrevoit, ces prochains mois, l'organisation pétrolière dont les dirigeants semblent avoir détecté des «risques importants», susceptibles de nuire à l'augmentation de la consommation planétaire de brut. L'évolution des deux branches d'activité absorbant le plus de pétrole, l'industrie et les transports, appelle à la plus grande prudence, font-ils valoir.Et pendant ce temps, les cours du brut continuent de fluctuer ; ils étaient orientés à la baisse mardi dernier dans les échanges électroniques en Asie, les inquiétudes concernant la zone euro ayant effacé les gains précédents, selon des courtiers. Dans les échanges matinaux, par exemple, le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet cédait 56 cents à 69,65 dollars, tandis que le brent de la mer du Nord, à échéance identique, reculait de 72 cents à 70,45 dollars. Fin avril, les cours du baril avaient frôlé la barre des 90 dollars à Londres, dopés par les signes d'une reprise économique devenue hypothétique. Le 11 mai, après l'euphorie suscitée par le plan de sauvetage européen, le baril pour livraison s'échangeait à 79,32 dollars à Londres et à 75,78 dollars à New York. Après un plus bas jeudi dernier à 64 dollars 24 cents, le contrat de juillet semble, lui, se stabiliser aux alentours de 70 dollars à New York et de 71 dollars à Londres, soit le bas de la fourchette acceptable par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Il y a une semaine, les prix du pétrole, qui ont chuté d'environ 20% depuis le début du mois, se sont stabilisés à New York, alors que le marché reste prudent face à la crise de la zone euro.Ce mouvement de yo-yo a été l'objet d'analyse approfondi de la part de spécialistes des marchés. L'économie américaine a créé 431 000 emplois en mai dernier, en progression nettement moins bonne qu'espérée, selon le rapport mensuel du département américain du Travail sur l'emploi et le chômage. Cette annonce est de nature à relancer les doutes sur la vigueur de la reprise chez le premier consommateur mondial d'énergie, alors que les opérateurs du marché tablaient sur des chiffres plus positifs. Ces chiffres très attendus ont réussi à surprendre le marché, mais dans le mauvais sens, car ils étaient moins bons que ce que prévoyaient les analystes. Le marché de l'énergie a réagi de façon très forte, avec une chute du brut sous 73 dollars, la pression provenant aussi du renforcement du dollar, a relevé un analyste. Facteur baissier pour les cours du brut, l'appréciation du dollar, valeur refuge en période d'incertitudes, sous le seuil de 1,20 euro pour un dollar pour la première fois depuis mars 2006, a un impact sur les cours du pétrole. Y. S.