Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce pascal Lamy a déclaré vendredi qu'il doutait qu'un accord puisse émerger du cycle de négociations de Doha sur la libéralisation des échanges avant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Lors d'un entretien accordé à la châine de télévision France 24, Pascal Lamy a indiqué que s'il était techniquement possible que les négociateurs parviennent à un accord en 2010, il avait des doutes quant à la possibilité qu'un compromis puisse être trouvé avant la tenue des élections aux Etats-Unis en novembre. La sensibilité politique d'une libéralisation accrue des échanges rend les discussions encore plus délicates avant des élections, notamment quand le chômage est élevé. "Nous sommes dans l'impasse", a déclaré M. Lamy après avoir rencontré des ministres du Commerce à Paris en marge d'une réunion de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La libéralisation des échanges commerciaux qu'entraînerait la signature d'un accord serait "un plan de relance à bas coût", a-t-il plaidé. En raison de la crise économique, "il y a encore plus de raison de conclure (les négociations) à ce stade qu'à tout autre moment", a-t-il poursuivi. Le représentant américain au Commerce extérieur (USTR) Ron Kirk a de son côté fait savoir que Washington n'était pas prêt à faire plus de concessions, rejetant la balle dans le camp du Brésil, de la Chine et de l'Inde. "La vraie question est de savoir si l'Inde, la Chine et le Brésil sont vraiment prêts à jouer un rôle et assumer une responsabilité à la hauteur des bénéfices qu'ils ont retiré de la libéralisation mondiale", a-t-il assuré. "Nous n'allons pas négocier contre nous-mêmes. Il est temps que les autres soient créatifs. Nous sommes allés loin, au-delà de ce qui était attendu (...) pour sortir de cette impasse", a-t-il ajouté. Laborieux, le cycle de Doha, qui doit mener à une plus grande libéralisation du commerce international en baissant les droits de douane de milliers de produits dans le monde, avait été entamé au Qatar en 2001. Les échéances fixées pour conclure les pourparlers ont depuis été manquées à plusieurs reprises. La dernière a été fixée à la fin 2010, mais "il reste encore trop de choses non résolues" pour tenir cette échéance, a souligné le ministre australien du Commerce Simon Crean. "Même si on accepte qu'il n'est pas possible d'achever (les négociations) cette année, cela n'est pas une raison de ne pas avancer cette année", a-t-il estimé.