Comme il fallait s'y attendre, les Etats-Unis ont bataillé au conseil de sécurité de l'ONU pour contrer l'initiative de la Turquie et permettre à son allié de s'en sortir malgré le tollé soulevé après l'attaque de la flottille humanitaire par des commandos israéliens armés jusqu'aux dents. Douze heures auront été nécessaires pour se mettre d'accord. Convoqué en urgence lundi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a fini par adopter mardi matin une position commune, après une session marathon à New York. Le texte "condamne les actes qui ont résulté en la perte d'au moins dix vies humaines et fait de nombreux blessés". Il demande par ailleurs une enquête impartiale et réclame "la libération immédiate des navires ainsi que des civils détenus par Israël". Le texte demeure néanmoins non contraignant et très ambiguë. On connaît tous avec quel " sérieux " ce genre d'enquêtes fini. Neuf passagers ont été tués dans l'assaut militaire sanglant mené lundi contre une flottille d'activistes pro-palestiniens au large de Gaza, selon un dernier bilan de l'armée israélienne. Une ONG turque qui a participé au convoi parle d'au moins 15 morts civils. Les six embarcations de la "flottille de la liberté" ont été immobilisées dans le port d'Ashdod. Parmi leurs passagers, 48 sont en voie d'expulsion, 45 hospitalisés et 480 détenus dans une prison d'Ashdod. Ces derniers doivent être interrogés dans la journée. Les autorités ont déjà indiqué qu'elles comptaient expulser les membres de l'opération et ne garderaient en détention que ceux qui refusent de coopérer. La déclaration de l'ONU, non contraignante, a néanmoins nécessité l'unanimité des 15 membres du Conseil pour être adoptée. De source diplomatique, les discussions ont été compliquées par un désaccord entre la Turquie, rédactrice du projet de texte, et les Etats-Unis, allié traditionnel d'Israël.. Mais malgré ce tollé international, Israël pousse le bouchon plus loin et indique qu'il empêchera tout autre bateau humanitaire international d'entrer dans les eaux de la bande de Gaza. Pour sa part, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé hier Israël à lever le blocus de la bande de Gaza dans un discours au parlement. M. Erdogan a également déclaré qu'Israël " doit être puni " pour avoir lancé l'assaut contre la flottille, ajoutant : " Personne ne devrait tester la patience turque ". Le Premier ministre turc a souligné : " Deux attaques mortelles ont été lancées dans la nuit de lundi. Une d'entre elles était un acte terroriste contre une base navale dans le sud de la Turquie. Six soldats ont été tués et sept autres blessés. La seconde s'est produite avant l'aube en mer Méditerranée et a frappé la conscience de l'humanité ". Mardi, M. Erdogan est également revenu sur sa confrontation avec le président israélien Shimon Peres au sommet de Davos en janvier 2009. A cette occasion, il avait quitté la réunion organisée en déclarant à M. Peres : " Vous savez très bien comment tuer les gens ". " Avant cela, je leur avais dit dans les yeux 'Vous savez comment tuer' ", a poursuivi le Premier ministre turc, ajoutant : " Et la récente attaque le prouve ". " Israël ne peut en aucun cas légitimer ce meurtre, il ne peut se laver les mains de ce sang ", a souligné M. Erdogan, ajoutant que la Turquie continuera de soutenir les Palestiniens. " Israël ne peut assurer sa sécurité en attirant la haine du monde entier ", a déclaré le haut diplomate. La bande de Gaza est sous le blocus israélien depuis 2007, année au cours de laquelle le Hamas a pris le contrôle de l'enclave côtière. Pour protester contre cette situation, une flottille composée de six navires transportant environ 10000 tonnes d'aides humanitaires et activistes est partie dimanche de Chypre pour tenter d'atteindre Gaza. Tous les évènements récents ne semblent pas arrêter la folie meurtrière israélienne bien au contraire. Hier encore, 5 palestiniens de la bande de Gaza ont été tués par l'armée israélienne. Notons enfin que le président égyptien, Hosni Moubarak, a ordonné, hier l'ouverture du terminal de Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza. Le président 'a donné des instructions pour ouvrir le terminal de Rafah afin de faire entrer les aides humanitaires et médicales nécessaires pour la bande de Gaza et accueillir les cas humanitaires, les blessés et les malades qui doivent passer par l'Egypte', a indiqué l'agence égyptienne MENA. Cette décision, qui 'fait partie des efforts de l'Egypte pour alléger les souffrances du peuple palestinien', selon la MENA, a été appliquée en début d'après-midi. Aucune durée n'est précisée, alors que d'ordinaire les ouvertures de ce point de passage entre l'Egypte et la bande de Gaza sont limitées à quelques jours par mois. La décision du président Moubarak a été annoncée quelques heures avant le début d'une réunion des pays de la Ligue arabe au Caire chargée d'étudier une réponse commune à l'opération israélienne