Inimaginable! Israël a osé, hier à l'aube, donner l'assaut à une flottille de six bateaux dont le seul crime a été d'avoir voulu secourir un million et demi d'êtres humains victimes des atrocités israéliennes. Des commandos israéliens héliportés ont attaqué, hier à l'aube, la flottille d'aide humanitaire se dirigeant vers la bande de Ghaza, qui aurait fait 19 morts selon la 10e chaîne de télévision israélienne. Une flottille, emportant un millier de personnes de plusieurs nationalités, voguant dans des bateaux désarmés dont l'unique objectif a été de briser le blocus dont sont victimes les Palestiniens de Ghaza depuis trois ans. Un blocus entouré du silence pusillanime, sinon complice, du moins accommodant, d'une «communauté internationale» qui n'a jamais su ou voulu assumer ses responsabilités dès lors qu'Israël est au centre de l'enjeu. Or, Israël vient encore une fois de montrer sa vraie nature criminelle, ne respectant ni loi, ni droit international, ni la personne humaine. L'assaut militaire contre une flottille civile d'aide humanitaire désarmée dépasse l'entendement, alors que rien ne pouvait justifier une telle forfaiture, ni ne pouvait être compris. Est-ce l'attaque de trop contre le peuple palestinien, qui n'a jamais pu trouver d'avocats à la hauteur des souffrances qu'il subit, depuis des décennies, de la part de l'Etat hébreu? On ose le croire et surtout on ose espérer que cela sonnera le réveil d'une communauté internationale qui, ces dernières années, avait absous tous les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien, jusqu'à permettre à l'Etat hébreu d'être la seule puissance nucléaire, non déclarée, dans le monde. La «communauté internationale» qui s'acharne depuis des années contre l'Iran, seulement soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ignore ostensiblement le danger que constitue en revanche pour le monde la détention par Israël, sans contrôle international, d'un véritable arsenal nucléaire estimé à près de 300 bombes atomiques. Après l'attaque contre la flottille civile internationale, de nombreuses capitales, européennes notamment, ont certes réagi, condamnant un acte atroce, inhumain et despotique. L'ONU et son secrétaire général, Ban Ki-moon - qui n'ont pas fait grand-chose pour condamner Israël pour avoir fait de la bande de Ghaza une immense prison à ciel ouvert, hermétique, où sont enfermés et affamés un million et demi de Palestiniens - se sont dit, hier, «choqués». Il est remarquable de noter que, embarrassés, les Etats-Unis ont mis plusieurs heures avant de réagir mollement «regrettant les pertes en vie humaine». La réaction internationale a été unanime pour condamner ce crime, inexpiable en fait. Mais est-ce suffisant alors que l'Etat hébreu a montré tout au long de ces années tout le mépris qu'il professe à l'encontre de la communauté internationale, parce que celle-ci, outre de lui avoir assuré l'impunité, a fait montre d'une mansuétude criminelle envers Israël. Or, cet Etat s'est placé délibérément hors du droit international, et la «communauté internationale» semblait trouver cela normal, puisque l'on a été jusqu'à affirmer que l'on ne «doit pas faire pression» sur l'Etat hébreu, ni le «condamner» quelle que soit l'action, aussi meurtrière soit-elle, commise par lui, outre d'affirmer le «droit à se défendre» d'Israël. Droit de se défendre évidemment refusé à la résistance palestinienne, systématiquement qualifiée de «terroriste». Mais hier, Israël se défendait contre qui? Une flottille civile d'aide humanitaire? En fait, en attaquant le convoi international, chargé d'aide alimentaire et médicale pour Ghaza, Israël voulait montrer qu'il est et voulait rester maître du jeu et que lui seul pouvait décider du sort de millions de Palestiniens, otages depuis 62 ans de l'irrédentisme israélien. Ignominieuse, impardonnable, quel que soit le qualificatif que l'on puisse donner à l'attaque d'Israël contre des civils, coupables d'avoir voulu aider un peuple prisonnier de l'outrance israélienne, il faut bien admettre que cela a été rendu possible parce que certains pays estimaient qu'Israël avait tous les droits y compris celui de tuer sans sommation. Et ce n'est pas la première fois que l'Etat hébreu avait commis des crimes atroces contre le peuple palestinien du fait conjugué de la veulerie de la «communauté internationale» et de la démission des Nations unies. En 2002, après les massacres des camps de Jenine, par l'armée d'occupation israélienne, l'ONU s'est vue contrainte de faire marche arrière et de renoncer à l'enquête indépendante conduite, au nom du Conseil de sécurité, par l'ancien président finlandais, Marti Ahtisaari. Justifiant l'échec de la mission, le chargé des affaires politiques, adjoint du secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kofi Annan, a expliqué dans un communiqué que «de l'avis du secrétaire général, (Kofi Annan) un compte-rendu équilibré, crédible et approfondi sur les événements récents (d'avril 2002, Ndlr) dans le camp de réfugiés de Jénine n'est pas possible sans la coopération totale du gouvernement israélien». Or, celui-ci a refusé l'accès à Jenine de la mission Ahtisaari. Plutôt que d'exiger cet accès comme le lui permet la Charte de l'ONU, son secrétaire général de l'époque, a préféré annuler la mission indiquant: «Dans la mesure où les difficultés concernant le déploiement de l'équipe d'établissement des faits ne seront pas résolues prochainement, le secrétaire général préconise le démantèlement de l'équipe.» En fait, cet échec n'a pas été le seul camouflet essuyé par l'ONU qui n'a réussi à faire appliquer aucune de ses résolutions par l'Etat hébreu. Cet aveu d'échec de l'ONU amena l'ambassadeur d'Algérie auprès de l'ONU, à l'époque, Abdallah Baali, à regretter cette situation indiquant: «Il est vraiment dommage que les Nations unies se soumettent ainsi au bon vouloir d'Israël» et d'ajouter: «Face à ce nouveau défi, le Conseil de sécurité devrait assumer ses responsabilités. Il a les moyens de faire respecter ses décisions. Si il ne le faisait pas, il ne ferait qu'accréditer l'idée qu'il y a une politique de deux poids, deux mesures chaque fois qu'il s'agit d'Israël.» Cela a également été le cas lors de l'agression de l'hiver 2008-2009 de l'armée d'occupation israélienne contre la bande de Ghaza, occasionnant la mort de près de 1500 Palestiniens, majoritairement des civils, notamment des femmes et des enfants. Là aussi, la «communauté internationale» s'est dérobée à ses responsabilités pour ne pas avoir à condamner Israël pour une action sanglante contre un peuple désarmé, victime d'un blocus barbare. Mais cela pourra-t-il durer indéfiniment? L'ONU et la communauté internationale, vont-elles, enfin, mettre à profit le nouveau forfait d'Israël contre le peuple palestinien, pour imposer la solution de deux Etats, vivant côte à côte, pour voir la paix instaurée au Proche-Orient? L'ONU en a-t-elle la capacité? La communauté internationale, la volonté? Toute la question est là en fait.