Le recours à la grève semble inévitable au sein du complexe sidérurgique d'El Hadjar. En effet, le syndicat d'entreprise ArcelorMittal démontre bien qu'il n'y a plus de conciliation possible entre la direction et le syndicat. Ainsi, le secrétaire général du syndicat, M. Smail Kouadria a annoncé, que la grève est le "seul moyen autorisé par la loi pour faire entendre raison à notre employeur qui refuse de considérer les revendications légitimes des travailleurs ". C'est cette alternative que devraient voter les membres du bureau exécutif du syndicat réunis aujourd'hui en séance extraordinaire. Plusieurs de ses membres ont déjà exprimé leur point de vue sur la question qui, selon eux : " doit conduire à rétablir une configuration plus équilibrée des rapports travailleurs/employeur ". Dans le même communiqué, Smaïn Kouadria explique à la centrale UGTA et à tous les représentants des institutions de la République, que l'employeur ne lui laisse d'autre choix que celui de la grève générale Illimitée. Elle pourrait être effective dès le 6 juin 2010. A cette menace, Vincent le Gouïc, directeur général, rétorque en soulignant les opportunités d'entente notamment en ce qui concerne les augmentations de salaire sans application de la convention de branche. Notons que ce regain de tension entre le syndicat et la direction de l'entreprise date depuis quelques semaines. Les deux parties sont en désaccord sur de nombreuses questions socioprofessionnelles inscrites dans la plateforme des revendications du 9 mai 2010. La plus pressante étant l'augmentation des salaires, prévue sur l'avenant n° 1 de la convention de branche. Par ailleurs, la direction, représentée par son directeur général, a insisté qu'elle doit être vigilante dans sa gestion financière afin de mieux maintenir l'équilibre général de l'entreprise. L'irritation des travailleurs est aussi liée au fait que 1 200 d'entre eux, sur les 7 200 en poste début 2009, ont été licenciés ou ont quitté l'entreprise sans être remplacés. ArcelorMittal recrute du personnel étranger dans un cadre très douteux pour des missions à même d'être efficacement accomplies par des Algériens. Deux cent autres travailleurs doivent partir prochainement dans les mêmes conditions", a averti le SG du syndicat. A cet effet, Smaïn Kouadria accuse ouvertement la direction. "D'un côté notre employeur refuse d'augmenter les salaires des travailleurs conformément aux décisions de la tripartite et à la convention de branche. De l'autre, il paie mensuellement à un bureau de consulting suisse des centaines de milliers de dollars pour des prestations de service qui n'existent pas réellement", poursuit- il. Le syndicat est allé même jusqu'à appeler les pouvoirs publics à nationaliser leur entreprise, à savoir le complexe sidérurgique d'El Hadjar, les mines de Tébessa et les différentes filiales cédées en 2001 au groupe indien ArcelorMittal à hauteur de 70% des actifs. La majorité des 6 000 travailleurs du complexe, qui sont représentés par leurs élus du conseil syndical, ont approuvé cet appel.