La résolution décrétant de nouvelles sanctions contre Téhéran n'a aucune valeur juridique, a déclaré hier Mahmoud Ahmadinejad, affirmant que le soutien de la Chine au texte n'affecterait en aucun cas les relations bilatérales. Le président iranien, qui effectue une visite à Shanghai, a qualifié le Conseil de sécurité des Nations de jouet aux mains des Etats-Unis et a estimé que la résolution était un "bout de papier sans valeur". Les cinq membres détenteurs du droit de veto au Conseil de sécurité souhaitent avoir le monopole de l'énergie nucléaire et les nouvelles sanctions n'auront pour effet que d'accélérer le développement iranien, a-t-il dit. "A nos yeux, la résolution manque de valeur juridique. Cela souligne la faiblesse des pays à l'initiative de la résolution", a déclaré le président, dont les propos ont été traduits. "La question nucléaire est juste une excuse ou un prétexte. Le gouvernement des Etats-Unis est sur le point d'engloutir l'ensemble du Moyen-Orient", a-t-il ajouté. "Le Conseil de sécurité se trouve également entre les mains des Etats-Unis. Il n'appartient pas aux pays, cette structure n'est pas démocratique." Interrogé sur le soutien de la Chine au texte, Ahmadinejad a déclaré que les Etats-Unis constituaient le principal problème de l'Iran et que les relations avec la Chine ne seraient pas affectées. "Il n'y a pas aucune raison de limiter ou de fragiliser les relations. Le principal problème se pose avec les Etats-Unis. Cela doit être résolu." Pour la quatrième fois depuis 2006, le Conseil de sécurité de l'Onu a infligé mercredi une série de sanctions à l'Iran. La résolution a été approuvée par 12 voix pour, deux contre et une abstention. Le Brésil et la Turquie, membres temporaires du Conseil qui ont oeuvré à une médiation dans ce contentieux, se sont opposés aux sanctions, tandis que le Liban s'est abstenu. La Turquie a expliqué son refus en faisant valoir qu'elle entend poursuivre ses efforts diplomatiques pour parvenir à un accord sur l'enrichissement de l'uranium iranien à l'étranger. Les cinq membres permanents, y compris la Chine et la Russie traditionnellement rétives à sanctionner l'Iran, ont approuvé le texte soutenu par les Etats-Unis et ses alliés britannique, français et allemand. Notons que le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que la résolution votée contre l'Iran à l'Onu ne concerne pas les armes anti-aériennes et n'empêche donc pas la livraison par Moscou de missiles S-300 à Téhéran. "Les armements de défense anti-aérienne, à l'exception des systèmes de missiles portables, ne font pas partie de la liste de l'Onu des armes conventionnelles mentionnées dans la résolution sur l'Iran", a dit le porte-parole du ministère, Andreï Nesterenko. Sa déclaration contredit les informations publiées quelques heures plus tôt par l'agence Interfax s'appuyant sur une source proche du secteur russe de l'armement, qui indiquaient que la Russie allait geler ce contrat. "La décision du Conseil de sécurité est contraignante pour tous les Etats et la Russie ne fait pas exception. Il est évident que le contrat de livraison de missiles S-300 va être gelé", a-t-on déclaré à l'agence Interfax.