Le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, a passé en revue, jeudi dernier, au forum d'El Moudjahid, l'état des lieux de l'économie nationale. Le premier point positif que le ministre a soulevé, à cet effet, est lié au secteur hors hydrocarbures en affirmant que selon le Commissariat à la planification, la croissance hors hydrocarbures en 2006 a atteint les 5,3% contre 4,7% en 2005. Cette bonne santé macro économique se confirme encore avec l'épargne nationale qui est de 55% du PIB (produit intérieur brut) contre 52% l'année d'avant, et le taux de chômage établi à 12%, contre 15% en 2005. "Bien que la fiscalité pétrolière demeure prédominante, la fiscalité ordinaire a réalisé des progrès constants avec une progression de 12% en 2006", a ajouté Medelci. Ces indices positifs se confirment aussi à travers les dépenses de fonctionnement qui ont augmenté de 20% et les dépenses d'équipement de 38 %. Pour consolider la croissance, le premier argentier du pays met l'accent sur l'inflation qu'il faudra freiner en priorité. Il a déclaré que l'indicateur d'inflation "s'est détérioré en 2006, à 2,5% contre 1,6% en 2005, comme conséquence de l'augmentation des salaires et des pensions de retraite au 2e semestre 2006". L'enveloppe budgétaire allouée à ces augmentations a atteint les 58 milliards de dinars en 2006, alors que l'enveloppe annuelle réservée pour 2007 se chiffre à 98 milliards de dinars pour les salaires et 13,5 milliards de dinars pour les retraites. Pour ce qui est des investissements, le ministre a avancé le chiffre de 1 942 milliards de dinars comme crédits à l'économie que les banques publiques ont alloué durant l'année 2006. Ceci fait ressortir une croissance de 10% par rapport à l'année d'avant. 52,8% de ces crédits ont été destinés au secteur privé, contre 47,2% pour le public. Le ministre n'a pas omis de signaler, pour ce chapitre, l'urgence "d'inciter davantage les opérateurs économiques à opter pour l'investissement créateur de richesses, à lutter contre la bureaucratie persistante et le marché informel". Concernant la levée des contraintes liées à l'investissement, le ministre parlera du foncier industriel en affirmant que " tous les décrets d'application de la loi sur le foncier seront signés la semaine prochaine pour leur entrée en vigueur". Au sujet de la réforme bancaire, Medelci a tenu à rappeler uniquement que le processus de privatisation du CPA et de la BDL sont en cours et leur aboutissement est prévu pour 2008, avant d'ajouter qu'à l'horizon 2010 les banques publiques occuperont toujours 60% du marché bancaire national. Les banques privées et étrangères n'interviennent, actuellement, qu'à hauteur de 10% sur le marché. Le membre du gouvernement a évoqué aussi l'avant-projet de loi relatif à la réorganisation de l'Inspection générale des finances (IGF) qui sera examiné prochainement en Conseil de gouvernement. L'activité de l'IGF sera rendue plus efficace et cette loi prévoit que les activités de l'inspection ne se limiteront plus au contrôle des administrations mais seront étendues aux entreprises économiques publiques. Medelci s'est abstenu de tout commentaire concernant le procès Khalifa, où il a été cité comme témoin, considérant que "le sujet relève exclusivement de la justice". La loi de finances complémentaire pour 2007 sera axée, selon le ministre, sur les réajustements budgétaires à apporter. Enfin, le ministre évoquera la crise qui secoue la filière du lait ces dernières semaines, en rappelant l'enveloppe de 10,6 milliards de dinars que l'Etat vient de débloquer pour l'importation de lait en poudre. Concernant le mécontentement des transformateurs privés, il dira que ces derniers ne bénéficieront des mêmes facilitations comme Giplait que lorsqu'ils donneront des garanties que la poudre qu'ils importeront sera utilisée exclusivement pour la production du lait pasteurisé et non pas pour les produits dérivés.