Plusieurs dizaines de milliers de syndicalistes ont convergé samedi vers le centre de Rome à l'appel de la CGIL, la principale confédération ouvrière d'Italie (5,5 millions d'adhérents). Aux cris de "pas seulement sur nos épaules", ils ont dénoncé les sacrifices imposés par le gouvernement de Silvio Berlusconi pour ramener le déficit public de 5,3 % à 3,9 % l'an prochain et 2,7 % du PIB en 2012. Lors d'un rassemblement Place du Peuple, Guglielmo Epifani, le secrétaire général de la CGIL, a réaffirmé que son organisation n'était pas opposée à une correction des comptes de l'Etat. "Nous rejetons cette manuvre faite seulement de restrictions budgétaires sans réformes structurelles ni mesures d'aide aux investissements, surtout dans l'instruction publique et la recherche", a-t-il déclaré au Figaro avant le début de la manifestation. "Ceux qui en feront les frais seront surtout les salariés et les revenus les plus modestes tandis que les patrimoines et les rentes ne seront pas touchés". Guglielmo Epifani appelle aussi à une vaste mobilisation pour inviter le Parlement, qui commencera l'examen du projet de loi la semaine prochaine, "à le modifier". La CGIL a lancé pour le 25 juin un mot d'ordre de grève générale de quatre heures dans le secteur privé et de 24 heures dans le public. Le gouvernement prévoit de geler salaires et embauches dans la fonction publique pendant deux ans et de réduire de 10 % l'enveloppe des ministères et des collectivités territoriales. Aucun impôt nouveau ne serait levé et la taxation des revenus financiers continuerait de bénéficier d'un taux de faveur, mais un effort accru serait fait contre l'évasion fiscale.Pour la Banque d'Italie, le plan d'austérité pourrait se solder par une réduction de O,5% du PIB en 2011/2012 "sous l'effet d'une compression de la consommation et des investissements". L'Italie prévoit une croissance de 1% cette année et 1,5% en 2011. Des manifestations contre la rigueur étaient également organisées en Allemagne. Entre 15.000 et 20.000 personnes ont défilé à Berlin, selon les organisateurs. Et entre 10.000, selon la police, et 20.000, selon les organisateurs, à Stuttgart. Le gouvernement allemand a annoncé lundi un plan de rigueur de 80 milliards d'euros d'ici 2013. Il veut économiser 11 milliards d'euros dans le budget 2011, notamment grâce à des coupes dans le budget des dépenses militaires et sociales. Lundi, c'est un plan historique d'économies - 80 milliards d'euros d'ici à 2014 - qu'a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel. En visant prioritairement les dépenses de l'État fédéral. Nombre d'allocations seront revues à la baisse et près de 15.000 emplois disparaîtront dans la fonction publique d'ici à 2014. La suppression de 40.000 soldats dans la Bundeswehr est également à l'étude. Après son sauvetage fin 2008 par le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne, la Hongrie avait annoncé une première cure d'austérité avec un gel des salaires pour deux ans dans la fonction publique et la suppression du 13e mois pour les retraités. Le premier ministre Viktor Orban a détaillé mardi un projet de budget qui prévoit, outre la création d'une taxe financière, de nouvelles coupes dans les dépenses publiques à hauteur de 425 millions d'euros. Le plafonnement des revenus des dirigeants du public est envisagé ainsi qu'un strict examen des dépenses jusqu'aux achats de voiture ou téléphone de service. Il ne fait pas bon être fonctionnaire actuellement en Europe. Baisse de 5 à 15 % des salaires en Irlande, suppression des 13e et 14e mois et baisse de 7 % des retraites en Grèce, gel des salaires et non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux au Portugal, gel des salaires en Italie, en Espagne, gel des embauches en Grande-Bretagne… Sans compter les coupes dans les dépenses de fonctionnement qui se généralisent.