La gauche italienne a réussi à mobiliser en masse samedi à Rome contre le gouvernement de Silvio Berlusconi pour affirmer qu'“une autre Italie est possible”, réunissant la plus grande manifestation d'opposition depuis le retour au pouvoir du “Cavaliere”. “Il s'agit de la plus grande manifestation organisée par un parti depuis plusieurs années”, s'est félicité Walter Veltroni, secrétaire général du PD, la principale formation de l'opposition. Plus de 2,5 millions de personnes se sont rassemblées au Circo Massimo, le stade antique au cœur de Rome vers lequel ont convergé les manifestants, a assuré en fin d'après-midi le responsable de l'organisation du Parti démocrate (PD), Achille Passoni. Selon des sources de la préfecture de police cependant, le nombre de manifestants était de 200 000. Dans un discours de près d'une heure, M. Veltroni a attaqué Silvio Berlusconi sur tous les fronts, estimant que “l'Italie est un pays meilleur que la droite qui le gouverne”. “Monsieur le président du Conseil, la démocratie n'est pas le conseil d'administration d'une entreprise”, a-t-il lancé à l'intention de l'homme d'affaires Berlusconi, jugeant notamment que son gouvernement était “totalement incompétent pour affronter la grave crise économique et sociale”. “Rappelons-nous toujours qu'une autre Italie est possible, nous la ferons ensemble”, a promis Walter Veltroni (53 ans). Il a également rendu hommage à Roberto Saviano, l'auteur de “Gomorra” menacé de mort par la mafia, à quelques mètres d'une énorme affiche proclamant “Nous sommes tous des Roberto Saviano.” Le Circo Massimo était noyé sous une marée de drapeaux et ballons vert et rouge, aux couleurs du PD. “Coucou les enfants, votre mère manifeste pour vous !” proclamait la pancarte de Maria Turri. “Mes enfants étudient à Milan, et il n'y a aucun avenir garanti pour eux. On ne veut pas d'une société à l'américaine ou l'on paye pour l'école. Le gouvernement doit mettre plus d'argent dans l'école publique et arrêter d'en donner aux banques pour enrayer la crise”, affirme-t-elle. “L'Italie a besoin de moderniser certains de ses services comme l'école, l'université et la santé, mais pas comme Silvio Berlusconi veut le faire. Il ne cherche qu'à démanteler le service public, à fermer des écoles, à supprimer des profs. Vous vous rendez compte, huit milliards d'euros en moins pour l'éducation !” s'exclame Gianni Mazzoni, de Modène (nord). Le PD, au plus bas dans les sondages face à un Silvio Berlusconi omnipotent depuis sa victoire aux législatives d'avril, entendait démontrer sa capacité de mobilisation contre la politique du gouvernement. Il a notamment surfé sur la vague de protestations des lycéens et étudiants, qui agite actuellement le pays, contre une loi imposant de sévères restrictions budgétaires dans le secteur de l'éducation. Selon les estimations des syndicats, plus de 100 000 postes vont y être supprimés d'ici 2012. “Une opposition qui veut faire quelque chose pour le pays aurait dû faire alliance avec nous. L'opposition descend dans la rue alors que nous devrions être unis” face à la crise, a critiqué Silvio Berlusconi depuis Pékin, alors qu'il a repoussé toutes les propositions de dialogue du PD. Des centaines de trains et de cars avaient été affrétés par les organisateurs pour acheminer les manifestants dans la capitale italienne. R. I./Agences