La Banque centrale européenne (BCE) n'a pas l'intention de contrecarrer les mouvements de l'euro, a déclaré Ewald Nowotny, membre de son conseil des gouverneurs. "Les tendances ne sont absolument pas un problème", a déclaré le gouverneur de la banque centrale autrichienne lors d'une conférence de presse à vienne alors qu'il était interrogé sur la volatilité de l'euro. "Naturellement, nous, à la BCE, avons toujours dit que nous sommes contre des mouvements brusques et importants, c'est-à-dire qui ne peuvent pas être expliqués par les fondamentaux économiques. "Mais je n'exagérerais pas cela. Nous ne nous en réjouissons pas mais nous ne voyons pas de raison de mettre en place des mesures spéciales", a-t-il ajouté. L'euro a reculé d'environ 17% sur les six derniers mois et de 6,5% lors des trois derniers mois. Notons que le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a estimé hier que "les marchés ont été trop indulgents durant les dix premières années de vie de l'euro, maintenant ils réagissent de façon exagérée à de petits incidents". Dans une interview au Financial Times, celui qui préside les réunions des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE a mis dos à dos Etats et marchés dans la responsabilité de la crise actuelle. Durant les premières années de la monnaie unique, "l'euro est devenu une monnaie forte dotée de très faibles différences entre les taux d'intérêt des différents Etats", analyse Herman Van Rompuy. "Ce qui a eu l'effet d'un somnifère. On ne s'est pas rendu compte des problèmes sous-jacents." L'assouplissement du pacte de stabilité et de croissance en 2005, fruit de la volonté franco-allemande, a également "envoyé un mauvais signal", juge-t-il. Cette année-là, Paris et Berlin se sont entendus pour donner plus de marge de manœuvre budgétaire aux Etats membres, alors que les deux capitales faisaient face à des budgets excessifs. Aujourd'hui, "beaucoup d'entre nous (les dirigeants européens, NDLR) ne sont pas satisfaits avec les récents développements sur les marchés", a critiqué le président du Conseil de l'Union européenne. "Mais quand vous prenez un peu de distance, vous vous apercevez que les marchés sanctionnent de mauvaises politiques, parfois avec excès et de façon disproportionnée. Et sur la base de rumeurs et de préjugés." Herman Van Rompuy l'assure au quotidien financier, les Etats sont, que les marchés se rassurent, décidés désormais à agir. "Le plus dur maintenant est de mener des réformes économiques et budgétaires -compétitivité, marché du travail, âge de la retraite. (…) Bien sûr, ce sera difficile. Il y aura parfois des mouvements sociaux de protestation et des oppositions politiques. Mais je connais maintenant les chefs d'Etat européens. Ils se préparent à prendre de grands risques parce qu'ils savent ce que cela signifie pour la zone euro." Les annonces de plans de rigueur se sont multipliées ces derniers mois. Les derniers en date? L'Allemagne s'est engagée à mener un plan de rigueur de 80 milliards d'euros d'ici 2013. La France a promis de trouver 100 milliards d'euros pour réduire son déficit de 7,5% à 3% en trois ans.