La Banque centrale européenne (BCE) dispose encore d'une petite marge de manoeuvre pour réduire son principal taux d'intérêt et elle devra maintenir une politique accommodante l'année prochaine car les perspectives économiques sont sombres, a déclaré Ewald Nowotny, l'un des membres de son Conseil des gouverneurs. Dans un entretien accordé à Reuters, Nowotny a déclaré que la BCE, qui a réduit ses taux de 300 points de base en six mois, envisageait aussi un grand nombre d'options alternatives pour soutenir l'économie. La croissance devrait être faible et l'inflation basse en 2010, ce qui signifie que la BCE devrait maintenir une politique de soutien à l'activité, a-t-il expliqué. "Il existe à la fois le besoin et la marge de manoeuvre pour une politique expansionniste l'année prochaine", a-t-il dit. A court terme, la BCE peut encore réduire son taux de refinancement, ramené jeudi dernier à 1,25%, mais pas beaucoup. "Il y a encore de la marge pour une nouvelle étape", a-t-il dit. "Je ne crois pas qu'il y ait de la marge pour beaucoup d'étapes supplémentaires (...) Il est évident que nous sommes désormais très proche du niveau plancher." D'autres responsables de la politique monétaire, parmi lesquels le président de la BCE Jean-Claude Trichet, ont eux aussi estimé ces derniers jours que la banque centrale avait la possibilité de réduire le taux de refinancement. Mais Nowotny est le premier à appuyer les anticipations des économistes concernant les anticipations à long terme. Les analystes interrogés par Reuters prévoient une nouvelle baisse de 25% du taux "refi" le mois prochain, puis un maintien à ce niveau jusqu'à la fin 2010, avant un relèvement. Nowotny a confirmé considérer le niveau de 1% comme la limite basse pour le refi et il a ajouté que le taux de facilité de dépôt, ramené à 0,25% la semaine dernière, devrait rester au-dessus de zéro. "Pour le taux de dépôt, il y a une limite basse qui, telle que je la vois, est supérieure à zéro", a-t-il dit. Le gouverneur de la banque centrale autrichienne a justifié la décision adoptée jeudi dernier par la BCE de ne baisser le taux refi que de 25 points de base alors que le marché anticipait une réduction de 50 points. "C'est cela suivre une politique solide: réagir en fonction des marchés mais ne pas sur-réagir, donc nous pensons que ces 25 (points) étaient une réponse appropriée", a-t-il déclaré. Au-delà, a-t-il expliqué, les responsables de la BCE étudient les moyens de soutenir le crédit à moyen et long termes. Nowotny s'est dit certain que des solutions seraient trouvées pour résoudre les problèmes techniques qui compliquent la tâche de la BCE de ce point de vue par rapport à d'autres banques centrales, qui ont déjà commencé à racheter des emprunts d'entreprises ou d'Etat sur les marchés. La BCE, elle, privilégie toujours l'apport de liquidités aux banques et Nowotny a estimé que six mois après le début des offres illimitées à taux fixes pour ce type d'opération, les marchés monétaires s'étaient stabilisés. Mais la BCE, a-t-il reconnu, reste préoccupée par le soutien au crédit à moyen et long termes, notamment aux entreprises. Offrir aux banques des liquidités à un an, soit deux fois l'échéance maximale actuelle, permettrait de fluidifier le passage des capitaux des marchés monétaires aux entreprises, a-t-il expliqué. Le rachat de dettes privées est une autre option à l'étude, a-t-il dit, même si cela risque de poser des problèmes en terme d'égalité entre les pays membres. Interrogé sur la possibilité que la BCE envisage de favoriser l'émission d'obligations bancaires sécurisées, comme le fait la Banque nationale suisse, il a répondu : "nous disposons de nombreuses possibilités et elles sont toutes en discussion."