D'après une étude qui a été réalisée sous l'égide du Forum Euroméditerranéen des Instituts de sciences économiques (Femise), l'Algérie se situe à environ 20% derrière dans tous les secteurs étudiés puis viennent l'Égypte et le Liban. En outre, un retard de la région Mena sur les grands Etats émergents a été enregistré notamment avec une très nette exception pour le Maroc. Pour expliquer ce retard, l'étude a mis l'accent sur les écarts de salaires. Il a été indiqué que le coût unitaire du travail dans la zone Mena est de 540 dollars, contre 390 dollars dans les pays étudiés hors Mena tels que la Chine, l'Inde et bien d'autres. Pour ce qui est des performances industrielles des pays de cette zone, l'étude indique, évoquant la qualité du climat des affaires, qu'elles restent très disparates. A titre d'exemple, au Maroc, l'ouverture vers l'étranger, mesurée par le taux d'exportation des biens ou la participation étrangère au capital des entreprises, permet un meilleur financement et surtout l'opportunité d'autres marchés pour les entreprises locales. Tandis qu'en Égypte, en Algérie et au Liban, ce sont les institutions qui ralentissent le business. Cela dit, il y a lieu de souligner que les administrations publiques sont souvent corrompues et fournissent de mauvais services publics, à savoir l'électricité, le téléphone et bien d'autre. Ainsi un importateur peut espérer disposer de sa marchandise sous 2 à 6 jours au Maroc, mais il doit attendre entre 15 à 26 jours en Algérie. Au Liban, les faiblesses de l'État sont des barrières à l'entrée des entreprises qui doivent assumer les surcoûts de la mauvaise gouvernance. Par ailleurs, sur des secteurs aussi pourvoyeurs d'emplois que le textile et l'habillement, l'Egypte et le Maroc sont 2 à 2,5 fois plus chers que l'Inde. D'où la nécessité de réagir rapidement sinon la compétitivité de ces pays pâtira d'un rythme d'innovation et de rattrapage technologique beaucoup plus rapide en Asie que le rythme d'accroissement des coûts du travail et qui permet de combler le gap de qualité des produits. Effectivement, dans une étude très détaillée des systèmes industriels de la région MENA, le Centre d'Étude et de Recherche sur le Développement International (CERDI) a relevé toute une série de handicaps. Avec, toutefois, des différences notoires d'un pays à l'autre à l'image du secteur du textile. Ainsi, entre le Liban et le Maroc, la productivité des entreprises passe de 1 780 dollars par tête à 10 610 dollars. Par contre, l'Algérie se classe mieux que l'Égypte avec 4 270 dollars par tête contre 3 470 dollars. A titre de comparaison, ces chiffres étaient de 11 350 dollars pour la Chine à la même époque, entre 2000 et 2004, et 10 480 dollars en Inde. Cela dit, avant de parler d'intégration régionale ou d'intégration vers le Nord, les pays de la région MENA doivent améliorer leur propre positionnement, notamment en termes de compétitivité internationale. Certes, faute de données statistiques homogènes et surtout récentes, les résultats de l'étude qui s'est concentrée des quatre pays de la région Mena suscités, sont à manipuler avec précaution. Mais en l'état, ses conclusions sont éloquentes. En effet, au moins sur la première moitié de la décennie, le secteur manufacturier marocain est de loin le plus efficace et ses performances sont assez proches de celles de pays de développement supérieur comme l'Afrique du Sud ou encore le Brésil, et bien meilleures que celles de la Chine et l'Inde.