La chef du gouvernement intérimaire kirghiz, Mme Roza Otunbaïeva, a promis hier que son gouvernement organiserait comme prévu un référendum sur une nouvelle constitution le 27 juin, malgré la nouvelle vague de violence dans le sud du pays qui dure depuis plusieurs jours. Mme Otunbaïeva a par ailleurs affirmé devant des journalistes dans la capitale que l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une organisation régionale de sécurité regroupant plusieurs anciennes républiques soviétiques, n'envisageait pas l'envoi de forces de maintien de la paix dans le sud du Kirghizstan pour normaliser la situation dans la région. Le bilan des victimes des émeutes qui ont démarré jeudi dernier dans le sud du Kirghizstan s'élève à 170 morts et 1.762 blessés, a déclaré mardi le ministère kirghiz de la Santé. Ce nouvel épisode de violences fait suite à celui survenu en mai au moment où les partisans de l'ancien président Bakiev avaient affronté les partisans du gouvernement par intérim dans les villes méridionales d'Och et de Jalalabad. M. Bakiev a été renversé en avril après que des émeutes eurent éclaté à travers le pays. Au moins 85 personnes avaient été tuées et des milliers d'autres blessées dans ces affrontements. Le gouvernement intérimaire établi après le renversement de M. Bakiev a prévu d'organiser un référendum sur la nouvelle Constitution à la fin du mois de juin, avant les nouvelles élections législatives prévues en octobre. Malgré les violences ensanglantant le sud du pays depuis jeudi dernier, l'ONU et l'Union européenne ont exhorté mardi le Kirghizistan à ne pas les laisser faire capoter le processus électoral, qui prévoit un référendum constitutionnel crucial suivi d'un scrutin parlementaire à l'automne. "Le référendum (du 27 juin, NDLR) et les élections parlementaires (en octobre) doivent avoir lieu aux dates prévues", a déclaré Miroslav Jenca, responsable de l'ONU à Bichkek. Une position à laquelle s'est associé, au nom de l'UE, l'ambassadeur d'Allemagne, Holger Green. Depuis jeudi, les violences visant la minorité ouzbèke ont fait des dizaines, voire des centaines de morts, transformé Och, la deuxième ville du pays, en champ de ruines, et provoqué l'exode de plus de 100.000 Ouzbeks. Les affrontements se poursuivaient mardi à Och et dans les environs, selon Omourbek Souvanaliev, le chef de la police régionale, qui faisait tout de même état d'un retour à un calme précaire au niveau de la région. Le gouvernement intérimaire, aux commandes depuis le renversement en avril du président Kourmanbek Bakiev et incapable de reprendre le contrôle de la situation, accuse le clan Bakiev d'être à l'origine de ces émeutes interethniques pour faire dérailler le processus électoral. Si la minorité ouzbèke soutient la nouvelle équipe en place à Bichkek, nombre de Kirghizes du sud sont pro-Bakiev.Le président russe Dmitri Medvedev a déclaré lundi que l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), organisation politico-militaire regroupant la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhastan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, pourrait tenir un sommet d'urgence pour discuter de la situation au Kirghizstan, pays frappé par des violences ethniques. "Si la situation empire, je n'exclus pas l'hypothèse d'une nouvelle réunion des secrétaires à la sécurité de l'OTSC, ou même un sommet des chefs d'États membres de l'OTSC", a-t-il dit. "Actuellement la situation au Kirghizstan est intolérable (..) elle est extrêmement dangereux pour la région, c'est pourquoi tout doit être fait pour empêcher ce type d'actions, dans le respect de la loi, mais avec fermeté", a déclaré M. Medvedev à l'occasion de sa rencontre avec le secrétaire général de l'OTSC Nikolaï Bordiouja et avec le secrétaire du conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev. M. Medvedev a déclaré avoir dit la même chose à la dirigeante kirghize par intérim Roza Otounbaïeva au cours d'un entretien téléphonique ce dimanche. Selon lui, les secrétaires à la sécurité de l'OTSC ont prévu des mesures en réponse aux troubles récents dans ce pays d'Asie centrale, et il appartient aux chefs d'État de l'OTSC de prendre des décisions. M. Bordiouja a déclaré que l'OTSC proposait d'offrir une aide importante au personnel de maintien de l'ordre kirghize. "Ils ont suffisamment de forces pour l'instant, mais manquent d' équipements, d'hélicoptères, de transports terrestres, de logistique et même de lubrifiant", a-t-il dit. "Nous proposons une série de mesure allant jusqu'à une assistance sous forme d'activités communes pour identifier les organisateurs des émeutes et les traîner en justice. Nous contribuerons aussi à l'information", a-t-il ajouté.